Les minotiers crient à «la paralysie commerciale» et à la «crise de ventes». À l’origine de cette situation sur le point d’exploser, une déclaration d’un membre du gouvernement sur le prix de vente de la farine de luxe. «Nous ne cherchons pas à polémiquer, mais cette déclaration a créé une certaine confusion auprès de grossistes et des boulangers», tient à préciser d’emblée Abdelatif Izem, directeur général de la Fédération nationale des minoteries (FNM).
«Le prix de la farine de luxe que l’Etat a décidé de subventionner a été fixé de telle sorte à le porter à un tarif maximal de 350 DH le quintal, à la sortie du moulin», explique M. Izem. «C’est ce qui figure sur le PV de l’accord signé à l’issue de la réunion tenue, en septembre, entre le Premier ministre et la fédération», ajoute-t-il. En effet, explique un communiqué diffusé, vendredi 5 octobre par la FNM, «l’accord évoque un prix maximal du quintal «nu sortie usine» de l’ordre de 350 DH auquel il faut ajouter les frais d’emballage, de manutention et du transport». La décision de soutien du prix du blé tendre a été appuyée par la FNM, explique le communiqué. Elle vise à rétablir la confiance chez les consommateurs et à «rappeler à l’ordre certains opérateurs tentés par des velléités spéculatives». Or «fait déplorable», regrette-t-on, cette décision à été ponctuée par «certaines déclarations officielles inconsistantes notamment au niveau du prix du quintal convenu entre les autorités publiques et les minoteries», affirme-t-on. Il s’en est suivi, explique M. Izem, «une certaine crise de confiance entre les minotiers et leurs clients qui ont voulu faire appliquer les tarifs ainsi annoncés par le responsable gouvernemental». «Certains grossistes qui avaient acheté la farine à un prix élevé et constitué un stock important ont profité de cette situation pour attiser davantage la crise», laisse entendre M. Izem.
À noter que, comme le précise le communiqué de la FNM, des interventions qualifiées de «musclées» des autorités locales qui ont «jugé utile et à tort de verbaliser les commerçants qui vendent la farine à plus de 350 DH le quintal» n’ont fait qu’aggraver davantage la situation. Et à cause de cette confusion, «le secteur vit actuellement une paralysie commerciale marquée par un arrêt quasi total des ventes», affirme-t-on auprès de la Fédération. Par ailleurs, «certains grossistes et grands comptes ont même demandé des avoirs sur les commandes déjà passées», souligne M. Izem. Ce phénomène risque de se traduire par des «problèmes d’approvisionnement à l’échelle nationale», prévient les responsables de la fédération. Pour rappel, lors de la réunion tenue le 20 septembre 2007 entre le Premier ministre et les membres du bureau de la fédération, il a été décidé, entre autre, de subventionner, jusqu’au 31 décembre 2007, le blé tendre destiné à la fabrication des farines libres pour cibler un prix entrée moulin de 250 DH le quintal. En contre partie, les minotiers s’engagent à livrer la farine de luxe au prix maximum de 350 DH le quintal, «marchandise nue sortie moulin».