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Le moissonnage du brouillard pour faire face à la pénurie d’eau

© D.R

Une technique utilisée dans les montagnes de Sidi Ifni

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La région de l’Anti-Atlas où le projet de Dar Si Hmad a vu le jour se situe entre Guelmim et Sidi Ifni et est connue par ses conditions climatiques très rudes. Elle reçoit une moyenne annuelle de moins de 132 mm de pluie, avec un nombre limité de journées de précipitation et une forte présence de brouillard.

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Pour pallier le manque d’eau dans les montagnes de Sidi Ifni, la fondation Dar Si Hmad a mis en place un vaste réseau de filets collecteurs de brouillard (les CloudFisher) permettant l’adduction d’eau potable dans des villages hors des réseaux principaux de distribution d’eau.

Moissonnage du brouillard, c’est le nom donné à une ancienne technique, et qui s’appelle le captage de brouillard. C’est une technique qui utilise un filet spécialement tendu entre deux pôles et qui attrape les gouttelettes d’eau présentes dans le brouillard. Grâce au vent qui le pousse, le brouillard traverse le filet, se condense,

et tombe dans un contenant placé en dessous de l’unité. Goutte après goutte, la quantité d’eau devient conséquente. Cette technique peut être exploitée dans des régions où il y a peu ou pas de moyens pour avoir accès à l’eau et qui utilisent les moyens conventionnels.

La région de l’Anti-Atlas où le projet de Dar Si Hmad a vu le jour se situe entre Guelmim et Sidi Ifni et est connue par ses conditions climatiques très rudes. Elle reçoit une moyenne annuelle de moins de 132 mm de pluie, avec un nombre limité de journées de précipitation et une forte présence de brouillard. Le choix d’autres alternatives s’imposait.

Le président de la fondation Dar Si Hmad, Aissa Derhem, vivant à l’époque au Canada, a appris l’existence de cette technologie lorsque l’ONG FogQuest a publié en 1989 les résultats de son premier projet fait en Camanchaca (au Chili). L’idée lui a semblé être une forte possibilité pour sa région natale, surtout qu’il connaît très bien toutes les souffrances causées par le manque d’eau et qui a freiné le développement de la région.

Juste après son retour au Maroc en 2000, et avec le conseil de FogQuest et le soutien de l’Université de la Laguna, M. Derhem a installé la première unité de collecte de brouillard expérimentale sur Boutmezguida.

Cette expérience a commencé en juin 2006 et les données ont été recueillies par les opérateurs de la télévision, stationnés au sommet de Boutmezguida quotidiennement. Plus tard en 2009, une station météorologique a été ajoutée et qui donne les détails constants sur les conditions météorologiques, validant encore plus la mise en échelle du projet.

Avec l’appui de plusieurs partenaires, Dar Si Hmad a lancé officiellement en 2015 ce projet pionnier au niveau national avec l’installation des unités de collecte de brouillard et 20 double unités complétées chacune avec une surface de 30m2, qui donne un total de 870 m2. Chaque unité est équipée avec des gouttières, des filtres, des robinets et de la canalisation, liée au premier réservoir sur la montagne.

Selon la fondation Dar Si Hmad, «l’anticyclone des Açores et le courant froid des îles Canaries créent de l’évaporation et de la pression, résultant dans les nuages stratocumulus qui sont pleins d’eau. Le vent pousse les nuages vers les montagnes, qui sont plus froides que le front de mer, et constitue une barrière naturelle où Dar Si Hmad a installé les unités de collecte de brouillard. Grâce à la gravité, l’eau descend de Boutmezguida à 1,225 m au-dessus du niveau de la mer vers les deux réservoirs de stockage situés à 662 m au-dessus du niveau de la mer. La moyenne journalière dans le monde se situe entre 4 et 10.5 l/m2/j et ce site réalise le maximum, soit 10,5 l/ m2/j ».

Le projet a nécessité la mise en place de plusieurs ouvrages et équipements hydrauliques dont deux pompes immergées et un local technique de pompage, 40 panneaux photovoltaïques pour une puissance totale de 250 W, ainsi que 4 réservoirs et 4 stations de reprises (maçonnerie, enduit étanche, vidange, conduite gravitaire avec compteur, manomètre et ballon hydrophore).

Le réseau de distribution, après le réservoir de mélange, est constitué d’une conduite gravitaire principale. Chaque douar représente une section alimentée par une conduite secondaire. Grâce aux vannes de sectionnement situées dans des regards équipés de compteurs de section, cette sectorisation permet de détecter rapidement les fuites potentielles sur le réseau et d’opérer en minimisant les personnes impactées.

Dès que l’eau atteint les deux réservoirs, elle continue sa descente dans les conduites, respectivement sur une longueur de 3.700 m linéaire pour arriver au dernier village, Agni Hya, qui est alimenté en eau. L’eau traverse au total 7.200 m linéaire, soit 7 km 200 m dans la canalisation principale. Des regards tous équipés de compteurs et de régulateurs de la pression d’eau ont été installés.

A ce jour, le projet alimente 14 villages, tous situés dans la commune rurale de Tnine Amellou, Quiadat de Mesti, province de Sidi Ifni, ainsi que deux écoles, une mosquée, et une madrassa. Tout au long de l’année, la population résidente est de 400 personnes. Ceci en plus du cheptel, qui représente une importante source de revenu dans la région.

Depuis le lancement du projet, la communauté locale y a participé activement mais à des degrés variés. Les jeunes hommes de la région sont aujourd’hui des spécialistes de la construction des filets capteurs du brouillard, alors que les femmes gardent leurs rôles ancestraux de gardiennes de l’eau. Plusieurs formations en gestion et sauvegarde des ressources ont été assurées au profit de la population locale laquelle paye une contribution symbolique qui couvre les dépenses de maintenance des filets. Un autre projet est mené avec l’ONG allemande Wasserstiftung pour installer des filets plus performants et ainsi augmenter la part de l’eau de brouillard.

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