Economie

Le mythe de Sisyphe vaincu

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Ce ne sont plus des «paroles et paroles», comme l’aurait encore chanté Dalida. Depuis le premier janvier 2005, la zone arabe de libre-échange est effectivement constituée. Pour les peuples arabes, c’est le mythe de Sisyphe qui est vaincu. En effet depuis 1964 et la promulgation par le Conseil économique arabe (instance de la Ligue arabe) d’une loi pour la création d’un marché commun, jamais l’on a été aussi près du but. Ce premier projet qui comprenait l’Egypte, la Syrie, l’Irak et la Jordanie fut vidé de sa substance par les dictats de la géopolitique. Le plan en sept étapes mis en place à l’époque pour libéraliser le commerce arabe avant 1970 mourut de sa belle mort.
Il faudra attendre Tunis en 1981 pour voir une nouvelle signature d’un accord de libre-échange inter-arabe. Mais, à l’époque, alors qu’ils étaient passés de 97 millions en 1965 à 1,2 milliard de dollars en 1975, les échanges inter-arabes étaient en chute libre. Preuve que l’accord de Tunis est resté un voeu pieux, en 1989, le volume était à seulement 888 millions de dollars, loin des proportions atteintes au milieu des années 70. D’ailleurs, rien ne semble pouvoir enrayer ces chutes.
En 1994, après la saignée de la première Guerre du Golfe, ces échanges étaient à 699 millions de dollars.
L’histoire étant un perpétuel recommencement, le Conseil économique de la Ligue arabe tentera dans la fin des années 90 de réactiver les vieux accords. Ce sera, en 1997, la signature de la charte exécutive visant à créer une zone arabe de libre-échange d’ici 10 ans. Contrairement aux accords antécédents, cette charte a été respectée puisque les différents pays ont commencé depuis 1998 à baisser leurs tarifs douaniers inter-arabes de 10% par an. En janvier 2003, ces baisses avaient atteint 60% par rapport au niveau de 1997. L’Egyptien Amr Moussa, Secrétaire Général de la Ligue arabe a apporté la dernière pierre à l’édifice en présidant, samedi à une courte cérémonie consacrée à la suppression du dernier lot des taxes douanières sur les marchandises d’origine arabe.
Cette signature rend caducs les droits au sein de l’espace englobant la Tunisie, la Libye, l’Egypte, le Liban, la Syrie, la Palestine, la Jordanie, l’Irak, le Koweît, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Sultanat d’Oman, le Qatar, Bahreïn et Yémen. Il s’agit en tout de 17 pays représentant 94% du commerce arabe.
Cinq pays membres de la Ligue arabe sont restés à l’écart de cette zone économique. Pour le cas de l’Algérie, l’adhésion serait imminente de l’avis du secrétaire général de la Ligue arabe. Rien n’urge en revanche pour les quatre autres candidats que sont la Mauritanie, la Somalie, le Djibouti et l’Union Des Commores. Aucune date n’est fixée pour ces pays et aucun calendrier de l’adhésion n’est arrêté. N’empêche, Amr Moussa reste optimiste de voir à terme la zone arabe de libre-échange englober l’ensemble des pays membres de la Ligue arabe.
Sur le plan pratique, cet accord est entravé par de nombreux obstacles administratifs et financiers. Le Conseil économique et social de la Ligue arabe doit parachever le chantier de l’élaboration des règles d’origines des marchandises. Les milieux d’affaires craignent que ce texte ne soit qu’un protocole de plus. Une délégation de l’Union générale des Chambres arabes de commerce, d’industrie et de services a fait part de ses inquiétudes à Amr Moussa.
La constitution de cette zone de libre-échange avait été décidée il y a quatre ans, lors d’un sommet arabe tenu en Jordanie.
Depuis, les pays membres avaient graduellement réduit leurs droits de douane jusqu’à l’annulation totale intervenue samedi premier janvier. La zone de libre-échange intervient alors que le commerce entre les pays concernés ne se contente pas de stagner, mais recule. De leurs côtés, depuis 1985, l’investissement inter-arabe n’a pas dépassé 17 milliards de dollars.
D’après les chiffres issus de la dernière session extraordinaire des chambres de commerce arabe en août dernier, la situation économique était peu reluisante. Entre 2000 et 2001, le produit intérieur brut des pays arabes a baissé de 6%. La production intérieure de richesse est passée de 752 milliards à seulement 712. Plus grave encore, en 2002, la totalité des dettes contractées par ces pays représentait 60% de leur PIB.

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