Economie

Les Français rognés par l’alimentation et l’essence

Amputé par la flambée des prix du carburant et de l’alimentation, le pouvoir d’achat des Français a reculé cette année, en particulier chez les ménages les plus modestes, selon une enquête de l’Institut national de la consommation qui contraste avec l’optimisme de l’Insee. Le pouvoir d’achat moyen des ménages a reculé de 0,4% entre juin 2007 et juin 2008, après une augmentation de 0,8% un an auparavant, indique une étude de 60 millions de consommateurs, le mensuel de l’INC, paru jeudi. Entre juin 2007 et juin 2008, le revenu mensuel disponible moyen par ménage a augmenté de 99 euros, passant de 3.093 euros à 3.192 euros. Mais chaque mois, l’inflation a absorbé 113 euros, obligeant les ménages à réduire leur train de vie de 14 euros et laissant peu de marge aux dépenses non obligatoires, comme les loisirs par exemple. En comparant l’équivalent d’une journée de salaire en 2000 et en 2008, l’INC relève en outre que le salarié peut s’offrir moins (alimentation, logement, carburant) qu’il y a huit ans, en raison de l’inflation. Si le salarié pouvait acheter 49 litres de diesel avec une journée de salaire en 2000, cette année, il devra se contenter de 38 litres. Il achètera aussi moins d’oranges (-14%), de pommes de terre (-14%), de bifteck (-13%), de salades (-11%), de pain (-11%) et de beurre (-7%). Cette année, le pétrole, dont les cours ont atteint récemment des sommets, est la première cause des problèmes de pouvoir d’achat des Français: sur les 99 euros de revenus supplémentaires, 42 ont été consacrés à l’achat de carburants automobile et de fioul domestique. En un an, les ménages ont dû consacrer 340 euros supplémentaires à l’essence. La hausse des prix du lait, des oeufs, des fromages, viandes, pains et céréales a amputé le revenu moyen de 18 euros. «Les ménages font des arbitrages dans les dépenses incompressibles (alimentation, logement, santé) pour répondre à la baisse du pouvoir d’achat. Ces arbitrages se font principalement dans l’alimentation», indique Lionel Maugain, responsable de l’étude. Marques de distributeurs et produits dits «premiers prix» (meilleur marché mais souvent de moins bonne qualité que les grandes marques, selon des nutritionnistes) ont le vent en poupe. Or ces produits ont connu les plus fortes hausses ces derniers mois, selon plusieurs études. «Du coup, les ménages au bas de l’échelle sont le plus pénalisés», a ajouté M. Maugain. Le pouvoir d’achat devrait reculer de 0,8% en 2008, prévoit l’INC, après une hausse de 1,4% en 2007. Ces chiffres détonnent avec l’optimisme de l’Institut national de la statistique (Insee), qui prévoit pour cette année une hausse de 0,9% du pouvoir d’achat, certes en ralentissement par rapport aux +3,3% de 2007, mais soutenu par «une dynamique salariale plus vigoureuse». L’Insee reconnaît que le pouvoir d’achat sera amputé cette année par l’inflation et une décélération du revenu disponible brut, qui augmenterait de 4,1% contre une hausse de 5,4% en 2007. Le décalage entre les deux instituts s’explique principalement par le fait que l’Insee n’intégre pas dans son calcul du pouvoir d’achat les dépenses d’achat immobilier, qu’elle considère comme un investissement, une position contestée par l’INC. Un rapport recommandait en début d’année la création de nouveaux indicateurs, reflétant les nouveaux modes de consommation et la diversité de la société, afin de répondre aux critiques récurrentes sur les statistiques officielles, souvent en rupture avec le sentiment des ménages.

• Bertille Ossey-Woisard (AFP)

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