Economie

Maroc : Renfort saoudien

© D.R

La flambée du cours du pétrole place le Maroc dans une situation délicate. En effet, le pays maghrébin, faute de ressources suffisantes, doit recourir à l’importation pour couvrir ses besoins en hydrocarbures. Résultat : la facture pétrolière, qui s’établit à 1,1 milliard de dollars, est en hausse de près de 70% au premier trimestre par rapport à la même période de l’année dernière, mettant le budget gouvernemental sous pression.
Mais les pays amis n’ont pas tardé à se manifester. L’Arabie Saoudite vient d’accorder une subvention financière de 500 millions de dollars au Maroc pour l’aider à faire face au renchérissement du prix du brut. Le Roi Mohammed VI a qualifié cette décision de «geste significatif», et de «témoignage de la solidarité agissante et permanente» entre les deux Royaumes.
Le geste saoudien devrait permettre d’atténuer l’impact immédiat de l’augmentation exceptionnelle des cours du pétrole sur l’économie marocaine, qui ont battu un nouveau record en se maintenant au-dessus des 120 dollars le baril. Néanmoins, à long terme, le gouvernement se doit de trouver une alternative à l’importation des hydrocarbures ou une solution pour réduire les subventions de l’Etat.
Les premières mesures en préparation de l’ère de l’après-pétrole ont été initiées en novembre 2006 par l’ancien Premier ministre Driss Jettou. Pour combattre la hausse des prix, il a adopté une politique dont la stratégie comprenait trois volets : la diversification des ressources énergétiques ; la libéralisation du secteur en amont ; et la création de mécanismes d’absorption pour atténuer le choc des prix.
Cependant, la forte augmentation des cours du pétrole a neutralisé le processus de réformes, et à ce jour, l’économie marocaine reste fortement dépendante des subventions pétrolières. La Caisse de compensation, qui est supposée agir comme un bouclier contre la hausse vertigineuse des prix grâce à la réalisation d’un excédent lorsque les cours sont bas, ne s’est pas montrée adaptée à la situation pour faire face à l’envolée des prix du pétrole ces deux dernières années. Ainsi, en date du mois de mars dernier, plus de 500 millions de dollars de subventions restaient à verser aux revendeurs de produits pétroliers, alors que le pétrole ne valait à ce moment-là que la moitié de son prix actuel.
Il semblerait que le Maroc n’ait malheureusement plus de réserves pétrolières. Si les tests montrent que la géologie du Maroc oriental est de même nature que celle de son pays voisin riche en pétrole, l’Algérie, les efforts déployés ces dernières années pour découvrir de nouveaux gisements n’ont pas porté leur fruit. De 1999 à 2005, ce sont près de 400 millions de dollars qui ont été investis dans des activités d’exploration au Maroc, en vain.
D’une certaine manière, la hausse des prix actuelle ne pouvait pas tomber plus mal pour l’économie marocaine. Plusieurs années de croissance variable – oscillant entre 8% et 2% et principalement due à la performance du secteur agricole- devaient finir par s’équilibrer autour de 6% au cours des prochaines années. La persistance du renchérissement des cours du pétrole menace de ralentir la croissance dans la mesure où elle aura un impact réel soit sur la consommation des ménages soit sur le déficit budgétaire, entraînant des répercussions potentielles sur toute l’économie.
Pour enfoncer le couteau dans la plaie, l’Union européenne vient d’annoncer qu’elle soumettrait les exportations marocaines de certains produits agricoles, notamment les agrumes, à des quotas. Les exportations des agrumes ont enregistré une légère baisse de 5% à fin avril 2008 par rapport à la campagne précédente à la même date – un chiffre impressionnant comparé à la chute de la production céréalière, qui est tombée de 9,3 millions de tonnes à 2 millions de tonnes, du fait de la sécheresse qui a sévit l’année dernière. Aziz Akhannouch, le ministre marocain de l’Agriculture, s’est déclaré «un peu déçu» par l’introduction de quotas par l’Union européenne, car les opérateurs marocains avaient décidé de multiplier leur production par 2,5.
«Les produits phares sur lesquels le Maroc a des chances de réussir (…) comme la tomate, les fruits et légumes, les fraises, ont été mis sur la liste négative, c’est-à-dire interdiction d’importation sauf dans le cadre de quotas», a-t-il dit à la presse locale. «Une telle pratique est inacceptable pour une Union européenne qui doit booster le Maroc et le tirer vers le haut», a-t-il ajouté.  Si l’Union européenne se fera peu d’amis à Rabat en brandissant sa nouvelle politique, la décision du gouvernement saoudien aura au moins le mérite de donner une dernière chance au Maroc pour assurer la réalisation d’une croissance solide cette année.

• Oxford Business Group
(13 mai 2008)

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