Economie

Une histoire de dettes

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L’hôtel Riad Salam Casablanca tient bon. Deux semaines après la décision du tribunal de commerce de Casablanca de placer ce joyau de l’hôtellerie en redressement judiciaire, Karim Belghimi sort de sa réserve. A Aujourd’hui le Maroc, le co-administrateur de la chaîne Riad Salam, dit attendre avec sérénité que la cour d’appel, appelée à se prononcer, donne son verdict. «Sans vouloir entrer dans la polémique, poursuit-il, je précise que notre chaîne hôtelière fonctionne normalement».
Et de marteler encore cette affirmation. «Tout va bien, mis à part peut-être cette petite frayeur éprouvée par notre personnel à travers le Maroc (environ 1000 salariés), en découvrant dans la presse que notre groupe était condamné». Fait que conteste énergiquement Karim Belghimi qui insiste sur l’effort d’assainissement qui aurait permis d’honorer une très grande partie des engagements de la banque, tant auprès du CIH que des autres partenaires.
Où est donc le problème ? Aux yeux de la direction de Riad Salam, toute l’affaire qui oppose la chaîne hôtelière au CIH pourrait se résumer en une phrase : une mésentente sur les chiffres, née peut-être d’une erreur comptable ? Karim Belghimi refuse d’entrer dans les suppositions. «Nous n’avons absolument rien à cacher, tout est clair en ce qui nous concerne!», lance-t-il, en direction de ceux qui par voie de presse ont fait circuler ces derniers jours de nombreuses informations. En fait, le contentieux remonte à 1997 quand la créance de l’établissement hôtelier vis-à-vis de la banque s’élevait initialement à 53 millions de dirhams. Ce montant était arrêté en 1999 suite à une expertise diligentée par le Cabinet Ernest and Young. S’ensuit alors une mise en possession.
Le redressement judiciaire par continuation était très à la mode à l’époque. Beaucoup de chaînes hôtelières en ont gardé des souvenirs pas toujours gais. Bref, en deux ans, selon les dires de Karim Belghimi, la banque a récupéré 22 millions de dirhams.
Indépendamment de ce montant, la direction de Riad Salam dit avoir déjà remboursé l’équivalent de 67 millions de dirhams. C’est là que se trouve le problème. La concordance fait défaut aux chiffres. Le CIH réclamerait toujours à l’établissement hôtelier 76 millions de dirhams, au titre d’intérêts sur prêts et intérêts de retard. De là à ce que l’affaire se transforme en un imbroglio judiciaire, il n’avait qu’un pas, lequel a été franchi depuis. «Il y a des pressions, reconnaît M. Belghimi, mais nous ne sommes pas en déconfiture». Pourtant, un plan avait été trouvé en septembre 2001 pour préserver à la fois les intérêts du CIH et permettre à cet investissement hôtelier, mis en place pendant des années par feu Mohamed Belghimi, de survivre. Un accord avait été trouvé.
Le créancier avait accepté le principe de convertir ses dettes en participations dans le tour de table du groupe. Suivant cette formule, 60% du capital du groupe devait revenir au CIH. Cette convention est toujours en vigueur, mais semble ne plus avoir d’actualité au CIH. Les chiffres avancés par Riad Salam avaient été pourtant reconnus à l’époque par le CIH au tribunal de commerce, rappelle M. Belghimi.
Par la suite, le syndic désigné pour le redressement judiciaire, recevra au lieu du montant arrêté lors de la convention, un chiffre de 109 millions de dirhams. Ce qui provoque une contestation de Riad Salam qui commandite à son tour un audit auprès du Cabinet Cap Consult. Les résultats de l’audit menés par Mohamed Azzedine Berrada, sont les suivants : une créance globale de 287 millions de dirhams et un montant de règlements effectués de 176 millions de dirhams. Des chiffres que nous n’avons pas pu confirmer auprès du CIH où apparemment on ne souhaite pas devancer la justice. En tout cas, entre les différentes expertises, il y a beaucoup à dire.
L’avenir de ce joyau de l’hôtellerie nationale est entre les mains de la cour d’appel.

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