Editorial

( بوعو ) ne fait plus peur…

© D.R

Après un long silence que beaucoup de ses supporters qualifiaient de période d’introspection, le chef de gouvernement a revêtu l’habit du premier opposant du Royaume lors de la conférence organisée samedi dernier par les anciens élèves de Sciences Po avec nos confrères de Tel Quel et Akhbar Al Yaoum.

Ainsi, M. Benkiran, en précampagne qu’il était, s’est laissé aller à des qualificatifs, pour le moins surprenants, quant à sa relation avec SM le Roi. En effet, user et abuser d’adjectifs de l’ordre de l’humeur comme les termes «fâcher», «détester», «déplaire» est au mieux maladroit au pire irrespectueux. Les propos de Abdelilah Benkiran faisaient allusion évidemment à l’historique des rappels à l’ordre concernant ses relations avec l’entourage royal dans le contexte du dernier communiqué du Cabinet royal relatif aux propos du patron du PPS.

Primo, précampagne ou pas, M. Benkiran doit en tant que personne responsable garder pour lui-même le contenu des évènements qu’il a vécus avec le chef de l’Etat. Cela s’appelle tout simplement, que ce soit chez nous ou sous d’autres cieux, LE DEVOIR DE RESERVE.

Secundo, réduire les choses à une dimension strictement personnelle alors que la gravité des faits les mettent plutôt sur le terrain de la préservation des institutions de l’Etat marocain montre, encore une fois, que les messages, pourtant clairs, du Souverain (dont le dernier lors du dernier discours du trône) ne sont pas assimilés à leur juste valeur par une partie de notre classe politique. A commencer par celle qui est aujourd’hui aux affaires.

Tertio, crier au méchant loup qui s’appelle «Attahakkoum» (بوعو ), a certes été payant pendant la période trouble du printemps arabe. Mais, la ressortir indéfiniment comme un argument de vente de VRP en mal d’inspiration ne fera que rebuter encore plus une population qui croit déjà trop peu aux hommes politiques et dont la participation aux élections, malgré toutes les campagnes de sensibilisation, est des plus faibles.

Alors, de grâce, messieurs les politiques, parlez-nous plutôt de projets, de programmes, de réalisations et laissez de côté les solutions de facilité. Vos épouvantails sont déjà fripés et usés et ne font plus peur. Et si vous avez oublié votre véritable popularité, rappelez-vous que vous ne représentez que 6 millions d’électeurs alors que nous sommes 36 !

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