Editorial

Éditorial

L’agenda politique marocain des mois à venir est hyperchargé. C’est peu de le dire. Depuis le 9 mars 2011, nous sommes entrés dans un tunnel de réformes, un «pipe» comme d’aucuns aiment à le dire, dont la sortie n’est pas prévisible avant 24 mois. Une vraie remise à plat du système politique et institutionnel marocain. En vrac : une nouvelle Constitution, un référendum, la mise en place des nouvelles institutions qu’elle va créer, des élections législatives, communales, régionales, et avant certainement une flopée de nouvelles lois pour gérer tout cela dont un code électoral flambant neuf, un découpage électoral sous cellophane, un mode de scrutin inusité, etc. N’en jetez plus la coupe est pleine. Pendant ces travaux de mécanique générale, nous devons continuer à gérer ce pays, faire de la croissance, la partager, limiter les déficits, créer des emplois, attirer des touristes, nous nourrir, donner du grain à moudre aux revendications sociales, traîner en justice dans une liesse collective toute démocratique les stipendiés de la Cour des comptes, et aussi, accessoirement continuer à assurer la sécurité de ce pays, son intégrité, sa stabilité et sa protection contre le terrorisme, et le reste est à l’avenant. Voilà. Ça fait beaucoup. Y arrivera-t-on tout seul ? Comme des grands. Ou doit-on tout de suite appeler les casques bleus de l’ONU ou, mieux, les sympathiques éléments de la force Licorne ? En fait, et au-delà de la légèreté, nous avons besoin de beaucoup de méthodes et de beaucoup de rigueur. La période ressemblant, par ces chantiers décisifs et structurants, à celle de l’après-indépendance, nous devons faire montre collectivement de beaucoup de patriotisme. Et ne pas oublier qu’il s’agit de l’avenir de cette Nation. Il est vrai, pour certains d’entre vous, que ce discours ne fait pas trop 20 février. Mais il faut bien se rendre à l’évidence. Il faut bien un pays pour faire des réformes. Un support comme on dit pratiquement. S’il n’y a plus de pays, il n’y a plus de réforme. Deux dangers nous guettent : 1) Le maximalisme révolutionnaire et les simplifications théoriques dangereuses qu’il charrie. 2) La faible «maturité» démocratique des partis politiques. S’ils amorcent, encore, la pompe à fric pour l’achat des consciences, et si leurs notables, encore, ressortent leurs batteries irrésistibles de captation de voix, lors du long tunnel électoral multiforme dans lequel nous allons nous engager, «Adieu, veau, vache, cochon, couvée». L’on voit que la transition démocratique a des nécessités formelles. Des aspirations légitimes mesurables, réalisables et crédibles. Et un environnement institutionnel mature pour les transcrire dans la réalité. Sinon, il faut s’en remettre à Dieu comme dirait le célèbre cheikh— récemment gracié et ardemment converti à la démocratie— Mohamed Fizazi.

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