Editorial

La guerre comme projet de coopération

© D.R

Décidément, le gouvernement espagnol actuel a dépassé toutes bornes imaginables dans son délire anti-marocain. Il nous reproche désormais de faire ce qu’on veut chez nous.
Nous ne sommes pas loin de recevoir de nos voisins des sommations injurieuses, des interpellations hurlantes ou des injonctions hystériques si par malheur on décide d’ouvrir une zone franche à Fnideq, une école à Sidi Ifni, une salle de classe à M’hamid Al Ghizlane, ou une zone industrielle à Sidi Bernoussi. Ils sont devenus fous.
Obnubilés qu’ils sont, dans leur modernité européenne fraîche et contrariée, par la réalité coloniale rétrograde, qu’ils ont du mal à assumer, des villes marocaines de Sebta et Mellilia, ils voient dans tout acte souverain du Maroc sur son territoire une attaque contre la grandeur colonialiste mal dégrossie d’une Espagne impériale, désormais, imaginaire.
Ce zèle dangereux du gouvernement de José Maria Aznar, qu’on est obligé de supporter au moins jusqu’en 2004, est devenu pathologique. Qui peut lui faire entendre raison ? Qui peut stopper cette fuite en avant qui occulte tous les besoins vitaux de paix, de coopération et de développement de la région? Ils ne vont pas quand même nous faire la guerre pour la bonne et simple raison qu’au Maroc nous sommes chez nous. Et que Sebta et Mellilia sont incontestablement des villes marocaines occupées, à contre courant de la raison, de l’histoire et de l’avenir, par eux.
D’un côté ils s’engagent avec les Anglais dans une co-souveraineté sur Gibraltar et d’un autre ils s’excitent parce que le Maroc est tout simplement chez lui. Leila, est une île marocaine à 200 m de nos côtes, sous souveraineté marocaine indiscutable depuis des lustres. Le Maroc y fait ce qu’il veut, notamment pour freiner l’immigration clandestine et le trafic de drogue pour lesquels ils nous font passer pour un État poreux. Mais de là à sortir les navires de la grande armada et mettre à flot la Guardia civil, il y a comme une vent de panique. On n’a pas encore lâché nos divisions blindées sur Sebta ou Mellilia, coupé l’eau et l’électricité de ces villes, fomenté à l’intérieur de ces enclaves des manifestations violentes de moros assoiffés de sang ibère, ou, mieux, organisé des marches populaires pour les investir définitivement et pacifiquement. Non, pas encore. On croit encore aux vertus du dialogue, de la paix et du co-développement.
Les gesticulations belliqueuses de la droite espagnole sont stériles. Elles participent d’une surenchère politicienne contre-productive qui vise à exonérer l’Espagne de ses responsabilités régionales. Elles retardent la modernisation définitive de l’Espagne comme une nation européenne qui s’assume face aux grandes nations du continent. Elles maintiennent l’Espagne dans une forme d’immaturité continentale ballottée qu’elle est entre le refus de faire le deuil d’un passé colonialiste lourd, et une pulsion raciste actuelle irrépressible. C’est de cela qu’il faut parler aux Espagnols aujourd’hui et non pas entretenir chez eux une haine anti-arabe et anti-marocaine irrationnelle.
Pendant que les Européens imaginent un nouveau continent pour le troisième millénaire, les Espagnols sont occupés à vouloir chercher de mauvaises querelles au Maroc. C’est proprement ridicule. Et c’est idiot. Les hommes politiques, les intellectuels et les citoyens espagnols capables de faire vivre, avec nous, un projet global dans lequel les différends d’aujourd’hui deviendraient des atouts existent. Y compris sur Sebta et Mellilia. Ils peuvent produire un discours crédible et une politique cohérente sur les relations entre le Maroc et l’Espagne. Ils ne sont pas aujourd’hui aux affaires. Ils regardent avec beaucoup de tristesse ce gâchis. Ils ne pourront malheureusement rien faire tant que la démocratie espagnole n’a pas encore viré les politicards passéistes aux allures de voyous coloniaux qui occupent actuellement la Moncloa.

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