Editorial

Petit bonjour

Le discours de SM le Roi Mohammed VI devant le Parlement fait partie des allocutions qui ne transigent pas avec la réalité. Mieux, il l’exprime, sans faux-fuyants, dans toute sa complexité avec un texte qui annule absolument la distance entre le vécu du citoyen et l’approche du fait politique par le pouvoir. Une annulation atypique d’une distance qui ne se justifierait plus. En fait, c’est un discours-plaidoyer qui décalque totalement, pour mieux la mettre en évidence, notre pratique politique avec toutes ses déviances. Il reformule un contretype clair à l’aide d’un  diagnostic établi depuis longtemps déjà. Il recoupe les observations et les inquiétudes maintes fois répétées, et à la lassitude, dans ce domaine. Et finalement, il met les citoyens  devant leur part de responsabilité dans la construction d’une démocratie crédible et authentique  qui soit le vrai pilier du développement humain dans notre pays. Mais là où le discours royal, avec ses compétences légitimes exclusives et  son caractère exécutif institutionnalisé, se construit sur nos propres paradoxes et nos vraies contradictions c’est quand il se limite à prendre à témoin une opinion publique passive – souvent victime de ses propres insuffisances. Et quand il se contente d’inviter, d’une manière civilisée, les acteurs de la (contre) performance politique à une autorégulation improbable, notamment morale, fondée sur une haute perception, incertaine, des intérêts de la Nation. Les responsables du naufrage de la politique au Maroc, eux, ne sont sensibles, malheureusement, à aucune incantation morale et à aucun appel à la conscience aussi royaux soient-ils. Ils ne connaissent que le rapport de force brutal et le langage de la répression dans sa fureur primitive. SM le Roi a, toutefois, choisi, avec un sens aigu de l’Etat de droit, d’aborder ce volet nécessaire de la mise à niveau politique, et qui n’est certainement pas le plus gratifiant, en s’appuyant uniquement sur la force de la loi.

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