J’ai souvent raillé, ici même, les «fils de». Dans ce but, j’ai, souvent, avancé des arguments communs et partagés, mais surtout d’une banalité affligeante. Dire que les autres ont du mal à «être» alors qu’eux, ils se contentent de «naître» est — au-delà du jeu de mot— un procédé facile, et surtout démagogique. Je bats, donc, aujourd’hui, ma coulpe. La réalité étant toujours plus complexe que ce que l’on pense, tous les raccourcis, c’est leur nature, finissent par conduire à l’injustice. Dans le cas regrettable du Commandant Youssef Lahlimi — le fils de Ahmed donc —, il est toujours présenté, dans la presse, comme étant le fils de son père. Ce qui est vrai. Mais ce zèle professionnel récurrent, à chaque bout de colonne, devient, dans cette grosse affaire de justice, plus que douteux. On chercherait à enfoncer le père en faisant, au passage, du mal au fils, on ne s’y prendrait pas mieux. Ici, manifestement, la volonté de nuire au père supplante la volonté d’informer sur le fils. Ou inversement, d’ailleurs. N’empêche que le rendu, comme dirait un aquarelliste, n’est pas toujours heureux, surtout quand la bonne foi, une couleur essentielle dans la peinture des gens, est absente. Il est, certainement, plus douloureux de se faire un prénom qu’un nom.