Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. La salle d’audience est archicomble. Le mis en cause, Rachid, âgé de vingt-six ans, se tient au box des accusés.
Ce repris de justice, qui a déjà purgé une peine d’emprisonnement de dix-huit mois pour complicité au vol qualifié, est accusé cette fois-ci d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. Certes, à l’instar de la majorité des mis en cause au même motif dans de précédents dossiers, il nie avoir l’intention préalable de tuer son protagoniste. Il voulait uniquement le corriger. Mais ce qui est consigné dans le procès-verbal prouve qu’il avait l’intention de le tuer. Devant les enquêteurs, Rachid déclara qu’il n’était pas armé quand ils ont commencé à s’engueuler.
Tous les deux, lui et la victime, un dealer nommé Mohamed, âgé de vingt-deux ans, n’avaient aucune arme blanche. Mais, à un certain moment, Rachid disparait pour réapparaître avec un grand couteau. Dès qu’il l’a remarqué à l’entrée du quartier, il l’a attaqué pour lui enfoncer l’arme blanche dans la poitrine. Des voisins du quartier l’ont vu. Une demi-douzaine d’entre eux ont présenté leurs témoignages devant la Cour après avoir prêté serment. Ils ont affirmé avoir vu Rachid donner un coup à Mohamed. Quel était le mobile ?
Mohamed affirme devant la Cour que son protagoniste s’est abstenu de lui remettre à crédit un joint parce qu’il n’avait pas encore payé ce qu’il lui devait déjà. La conversation a cédé rapidement la place aux injures puis à l’échange de coups de poings. C’est ainsi que Rachid alla chercher le couteau pour frapper Mohamed.
Jugé coupable pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, Rachid a écopé de vingt-cinq ans de réclusion criminelle.