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La perpétuité pour un tueur en série

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«Je réclame mon exécution». Abdelhak Toumi veut en finir une bonne fois pour toutes. Aux juges de la chambre criminelle près la Cour d’appel d’Agadir, il a demandé de ne pas faire preuve de clémence à son endroit et de le condamner à la peine capitale. Pourquoi ? Parce que le souvenir des trois filles qu’il a assassinées le hante. A preuve, il a facilement avoué ses crimes.
Né en 1966 dans la région de Chiadma, Abdelhak a eu une enfance difficile. Divorcée, sa mère s’est trouvée dans l’obligation de prendre soin de lui et de ses cinq sœurs et frères, sans le moindre soutien. Une tâche difficile pour une femme sans profession. Leur père qui s’est remarié ne s’intéressait pas à eux. À son septième printemps, Abdelhak a été inscrit à l’école et à treize ans, il l’a définitivement quittée. S’étant exercé à l’un des métiers du bâtiment, il a ouvert un local à Bensargaou. Quelques mois plus tard, il a mis la clé sous le paillasson.
Nous sommes en 1985. Abdelhak a dix-neuf ans. Il a été inculpé dans une affaire de meurtre d’une fille de vingt ans. Avant de prendre la fuite, il a confié à l’une des amies de la victime, qu’elle est morte des suites d’un coup qu’il lui a asséné. L’autopsie le démentira. Elle a révélé que la victime a été étranglée et l’enquête policière a prouvé que la dépouille a été transportée à bord d’un vélomoteur jusqu’à un terrain vague où elle a été jetée. Traduit devant la justice, il a été condamné à dix ans de réclusion criminelle. Une peine qui a été réduite à sept ans. En 1994, il a été libéré. Une année plus tard, il s’est marié avec l’une de ses cousines. Quand elle est tombée enceinte, en novembre 2005, cette dernière a rejoint sa famille à Rabat. Abdelhak est resté seul chez lui.
Entre ce novembre 2005 et fin janvier 2006, deux cadavres de sexe féminin ont été découverts à Agadir. Le premier cadavre a été trouvé, en décembre 2005, enfermé dans un grand sachet, jeté au quartier Tilila, à l’entrée de la ville. L’enquête policière a révélé qu’il s’agissait d’une jeune Casablancaise. Malade, elle fréquentait souvent les mausolées jusqu’au jour où elle a décidé de s’installer définitivement dans la capitale du Souss. Depuis lors, elle ne rendait que rarement visite à ses parents à Hay Mohammedi. L’enquête policière a révélé qu’elle entretenait une relation amoureuse avec un jeune malfrat. Quand ce dernier a été arrêté et condamné à une peine d’emprisonnement, elle est restée seule. Une solitude qui l’a jetée dans le monde de la prostitution puis entre les mains d’Abdelhak qui l’a étranglée après avoir couché avec elle.
Dimanche 29 janvier 2006. À la rue Al Koronfoule, quartier Riad Essalam, à Agadir, les éboueurs découvrent dans une poubelle une tête de femme et dans une autre deux pieds. Alertée, la police mène une opération de ratissage de grande envergure qui a débouché sur la découverte d’une hanche dans un terrain vague dans la région d’Illigh. Le lendemain, lundi 30 janvier, les autres parties du corps ont été retrouvées dans un terrain vague derrière l’école Al Kastalani. Cette découverte a permis d’identifier la victime. Il s’agit d’une jeune fille prénommée Rajae, née en 1980 à Safi et célibataire. Cette fille au casier judiciaire vierge, est issue d’une famille indigente, demeurant au quartier Boutassra dans la circonscription de Bensargaou, à Agadir. De temps en temps, elle travaillait pour gagner sa vie et subvenir aux besoins des siens, mais, souvent, elle se prostituait. L’enquête policière a révélé qu’Abdelhak l’a croisée au quartier Talborjt, près de la gare routière. Il l’a conduite à bord de son vélomoteur jusqu’à chez lui. Après avoir partagé le même lit avec elle, il l’a étranglée avant de  découper son corps et d’en éparpiller les parties à travers les bacs à ordures et les terrains vagues. Devant la Cour, il n’a pas hésité à reconnaître ses actes criminels et à décrire la jouissance qu’il en tirait. Mais bien qu’il ait supplié la Cour de le condamner à mort, celle-ci l’a déclaré passible de la perpétuité.

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