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Pour un mobile futile, un père de famille tue un jeune homme

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Nous sommes à la Cour d’appel de Casablanca. La salle d’audience de la chambre criminelle est, comme à l’accoutumée, archicomble. Le président de la Cour a ouvert l’audience par l’affaire du «Dossier n°…/09», concernant Mounir. Quand il a été appelé à la barre, celui-ci s’est levé du banc des accusés et a traîné lentement ses pas vers le box. Son avocat s’est avancé aussitôt vers le perchoir pour remettre entre les mains du président de la Cour des documents prouvant que Mounir suivait un traitement chez un psychiatre. Le magistrat qui les feuilletait s’est adressé aussitôt à Mounir : «Tu es poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner ».
Mounir, âgé de trente-cinq ans, est un journalier qui a quitté l’école dès la deuxième année du primaire. Marié depuis trois ans et père de deux enfants, il n’a jamais pensé être au box des accusés, ni imaginé laisser sa femme qu’il aime et ses deux enfants pour purger une lourde peine d’emprisonnement. Dans son quartier, il jouissait d’une bonne réputation et était une personne sans problème. Comment est-il arrivé donc à devenir assassin ? Au départ, Mounir a nié devant les enquêteurs de la police judiciaire avoir maltraité Abdellah. Âgé de vingt-deux ans, celui-ci était plus chanceux que Mounir. Issu d’une famille d’agriculteurs, disposant de champs d’agriculture dans la région d’El Jadida, il a passé quelques années à l’école. Il a poursuivi ses études deux ans après les classes primaires. Après avoir abandonné l’école, il s’est installé à Casablanca. Dans quelles circonstances a-t-il disparu à jamais? «Je traversais la rue quand je l’ai croisé», avait affirmé Mounir au juge d’instruction quand il a été traduit devant lui. Hors de lui, Abdellah lui a demandé de ne plus y passer, tout en le saisissant par ses vêtements et en lui assénant des coups de poing, a-t-il précisé. Est-ce un vrai mobile pour qu’il arrive à tuer un jeune homme ? «Je l’ai imploré de me relâcher en lui promettant de ne jamais y retourner », a-t-il ajouté devant le juge d’instruction. Il a fini par le relâcher après l’avoir maltraité, confie-t-il au juge d’instruction. «Après, j’ai rebroussé chemin sans savoir ce qui lui est arrivé», conclut-il ses déclarations devant le juge d’instruction. Mais, il est revenu sur ses déclarations devant les juges de la chambre criminelle près la Cour. Certes, il a confirmé avoir traversé la rue où se situe la demeure d’Abdellah qui lui a coupé le chemin tout en lui donnant l’ordre de ne plus y revenir, avant de lui asséner des coups de poing. Mais, il a reconnu, cette fois-ci, avoir tenté de se défendre en donnant, également, des coups de poing à Abdellah. «Quand il est tombé par terre, j’ai rebroussé chemin sans savoir ce qui lui est arrivé», a-t-il confirmé devant la Cour. Appelés à la barre, les trois témoins, qui ont prêté serment, ont confirmé que Mounir avait maltraité violemment Abdellah. Seulement, ils ont précisé à la Cour que le passage de Mounir dans la rue où se situe la demeure de la famille d’Abdellah n’était qu’un prétexte non convaincant. Le vrai mobile est que Abdellah entretient une relation amoureuse avec la sœur de Mounir. Une hypothèse que Mounir a rejetée catégoriquement. Les témoins ont attesté que Mounir avait déjà demandé à Abdellah de laisser sa sœur tranquille et tous les deux se sont même échangés des injures, quelques semaines avant le crime, dans la rue devant plusieurs autres témoins. Verdict : dix ans de réclusion criminelle après avoir fait bénéficier Mounir des circonstances atténuantes.

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