Abdelghani est-il vraiment aliéné mental ou joue-t-il simplement le jeu afin qu’il trompe la Cour? Tout est possible. Mais, selon le dossier de l’affaire, il ne manifestait aucun signe de trouble mental lors de son interrogatoire par les éléments de la police judiciaire.
Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Abdelghani, âgé de vingt-neuf ans, divorcé, père d’un enfant, repris de justice de son état, est poursuivi, cette fois-ci, pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Il a déjà purgé deux peines d’emprisonnement pour vol qualifié qui lui ont coûté respectivement un an et trois ans de prison ferme. «Je n’entends rien», balbutie-t-il devant le président de la Cour qui lui demande s’ils se souvient de son identité. Dans le dossier de son affaire, aucun document ne justifie son aliénation mentale. Et pourtant, il continue à faire semblant. «Je veux rentrer chez moi», dit-il au président de la Cour tout en frottant sa tête et tournant ses regards à gauche et à droite.
Le président de la Cour lui explique que ce jeu ne lui servirait à rien. Mais en vain. En effet, Abdelghani est accusé d’avoir poignardé mortellement son voisin, Abdellah, âgé de vingt-six ans, célibataire.
«Je ne le connais pas», affirme-t-il sur un ton sec.
Les déclarations consignées dans le procès-verbal prouvent qu’Abdelghani a avoué devant les enquêteurs de la police judiciaire avoir tué, à coups de couteau, son voisin qui harcelait sa sœur. Selon le PV de son audition, sa sœur qui venait de quitter leur domicile, situé au quartier Sidi Othman, a croisé Abdellah qui a commencé à lui faire la cour. Il lui a même demandé de la rencontrer sur la terrasse. Sa sœur, Jamila, âgée de dix-sept ans, a confirmé ses déclarations en précisant devant la Cour : «Abdellah m’a demandé de le rejoindre sur la terrasse. J’ai informé Abdelghani qui s’est armé d’un couteau».
C’est ainsi que l’accusé a perdu tout contrôle. Il saisit un couteau et se dirige droit vers Abdellah pour le blesser à mort.
Verdict : 10 ans de réclusion criminelle.