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Après la grâce royale : Le Maroc va-t-il en finir avec la détention politique ?

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La libération de 190 détenus, dont des personnes condamnées dans le cadre de l’affaire Belliraj et du dossier de la Salafiya, remet sur la table la question de la détention politique au Maroc. Certains acteurs politiques, médiatiques et associatifs montent au créneau pour réclamer la libération de tous les «détenus politiques». Ils voient en cette démarche l’une des principales mesures d’accompagnement du chantier prometteur de la réforme de la Constitution initié par SM le Roi. L’objectif, selon eux, étant de donner plus de crédibilité au processus de réforme qui ambitionne de faire entrer le Maroc dans une nouvelle ère démocratique et de modernisation. Toutefois, la question qui se pose est celle de savoir : Peut-on parler toujours aujourd’hui au Maroc de détention politique en tant qu’outil de la répression et d’intimidation ? Après tout, le travail accompli par l’IER pour réconcilier le Maroc avec son histoire et tourner la page des violations des années de plomb, peut-on dire qu’il existe actuellement dans les prisons du Royaume des personnes qui ont été condamnées pour avoir exprimé une opinion politique? Les associations de défense des droits de l’Homme évoquent plutôt la problématique des «procès non équitables», dont les victimes doivent être libérées. «Au Maroc, on ne peut pas parler aujourd’hui de la détention politique ou de prisonniers d’opinion. Il y a, en réalité, des personnes qui ont été condamnées dans le cadre de procès non équitables et qui doivent être libérées immédiatement. Par exemple, les personnes condamnées dans le cadre de la loi antiterroriste ont été poursuivies pour atteinte à la sûreté de l’Etat. On ne peut pas dire qu’elles sont des détenus politiques. Nous avons un problème de procès non équitables. La solution de ce dossier nécessite une volonté politique», indique Boubker Largo, secrétaire général de l’OMDH. Même son de cloche auprès du Forum vérité et justice (FVJ). «La détention politique est un mécanisme de la répression politique. Elle résulte de la lutte politique, économique et sociale en dehors des mécanismes de la démocratie. Elle traduit ainsi une crise de la démocratie. L’Etat fait recours à la détention politique pour faire taire les revendications légitimes de la population. Au Maroc, je ne pense pas qu’on peut parler de la détention politique, mais de la détention pour des raisons politiques liées à l’usage de la violence», affirme Mustapha El Manouzi, président du FVJ, citant l’exemple de la Salafiya. «Le renforcement du processus de la démocratisation est la seule solution pour mettre fin à ce type de détention», ajoute-t-il. Abderrahim Mouhtad, président de l’Association Annasir, estime, pour sa part, que les détenus de la Salafiya seraient bel et bien des détenus politiques qui doivent être libérés. «Les associations de défense des droits de l’Homme ne qualifient pas les prisonniers de la Salafiya de détenus politiques mais de détenus islamistes à l’exception des cas de Abou Hafs, El Kettani et Réda Ben Othman. Nous considérons que les prisonniers de la Salafiya sont des détenus politiques et nous faisons la distinction entre trois catégories. Il s’agit des détenus politiques impliqués dans des actes criminels, les détenus politiques qui ont été condamnés pour leur opinion et les détenus politiques qui n’ont aucun lien avec les actes terroristes. Cette dernière catégorie est majoritaire», précise M. Mouhtad. «Le problème de la détention politique doit être résolu avant qu’on n’arrive au stade du référendum pour adopter la nouvelle Constitution», ajoute-t-il. L’OMDH, le FVJ et l’Association Annasir s’accordent pour affirmer que la libération des détenus est en mesure d’assainir le climat et de de restaurer la confiance.

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