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Cadrage : Agit-prop

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Une soixantaine de coordinations locales pour encadrer et attiser les revendications populaires opèrent dans les différentes régions du Maroc. Leur rôle est d’encadrer, organiser et synchroniser les actions revendicatives des populations au niveau local afin de les ériger en mouvement national de protestation. Formées par des mouvements gauchistes et quelques ONG de défense des droits de l’Homme, elles sont derrière les sit-in organisés, ces derniers temps, dans quelques villes du royaume pour protester notamment contre les augmentations des prix de certains produits ou services.
Certes, la multiplication de ce genre d’actions est un signe de bonne santé de la jeune démocratie marocaine, mais consolider une démocratie, c’est aussi et d’abord installer des mécanismes institutionnalisés qui vont de la manifestation d’un désarroi quelconque à la recherche de la solution.    
Et, aujourd’hui, il faut reconnaître que l’on est en train de passer de la résolution – ou de la résorption – des conflits par des actions improvisées, cadrées selon l’humeur du responsable en charge du dossier et sa volonté, d’abord, de reconnaître qu’il y a problème, à une véritable institutionnalisation de la manière de traiter les différents dossiers. Droits de l’Homme, années de plomb, chômage des diplômés et des non-diplômés, amélioration des conditions de la vie…Ces dossiers qui, il y a quelques années, étaient gérés au jour le jour et à condition que les responsables concernés jugent opportun d’intervenir, sont, aujourd’hui, traités dans un cadre institutionnel et avec des mécanismes précis. Ainsi, tout ce qui relève des droits de l’Homme, des libertés publiques ou de l’exercice du droit à la représentativité est en train d’être réglé à travers le CCDH ou, le cas échéant, en créant des commissions spécialisées comme l’IER. Les problèmes socio-économiques, eux, se règlent à travers un dialogue social serein et constructif. Et les revendications sociales de caractère local sont, elles aussi, gérées dans le cadre censé être le leur: wilayas, mairies, régions…C’est ce que l’on a constaté, par exemple, dans l’affaire de la facturation des services de la Lydec où l’affaire a été prise en charge par la mairie de la capitale économique. Le fait de tenter de faire monter la fièvre de la colère collective à travers des petites actions locales dans différentes régions du pays pour, ensuite, installer un climat national d’agitation dévie les différents aspects de la militance sociale de leur rôle puisqu’il en fait un outil de propagande de politique politicienne. Une approche qui relève de l’agit-prop, un concept usé qui ne cadre pas avec le Maroc qui est, actuellement, en phase de construction. Le fait qu’une association de défense des droits de l’Homme, qui a à son actif un patrimoine énorme en matière de lutte pour la préservation des droits individuels et collectifs des Marocains, se soit convertie à la lutte contre la cherté de la vie, par exemple, ne porte-t-il pas atteinte à la crédibilité de cette organisation et ne la détourne-t-il pas de son premier rôle, à savoir consolider les acquis démocratiques et lutter contre les déviations ?
Dans la phase que traverse, actuellement, le pays, la priorité de tous est de consolider le principe de l’exercice de toute action dans le cadre qui devrait être le sien et que chaque acteur de la vie politique, médiatique, syndicale ou associative…joue son propre rôle et non celui des autres.

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