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Debbagh : «Le gouvernement évite les vraies questions»

ALM : Quel bilan faites-vous de l’année 2004 ?
Adnan Debbagh : 2004 aura été, pour le Maroc, l’année de l’élargissement des horizons. L’Accord de libre-échange conclu avec l’Amérique est à mes yeux plus structurant que l’accord d’association signé avec l’Europe en 1996. La récente visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en Amérique du Sud nous a fait découvrir aussi de nouveaux horizons. Elargissement des horizons aussi avec l’arrivée massive dans nos marchés de produits chinois. Les Marocains apprennent à connaître ce grand pays. De plus l’année 2004 nous fait découvrir des horizons meilleurs avec l’amélioration de nos relations avec l’Espagne. C’est un point important pour la question de notre intégrité territoriale. Nous avons, en ce qui concerne, ce dossier gagné des points importants au niveau national, régional et avec les USA. Le forum sur l’avenir tenu au Maroc, la politique du nouveau voisinage adopté par l’Union européenne laissent entrevoir aussi de nouveaux horizons et de nouvelles perspectives. Nous allons vers la construction de grands ensembles comme la Méditerranée. La mobilisation importante témoignée envers le Maroc lors du tremblement de terre de Al-Hoceima (ayons une pensée aux victimes) témoigne de la place que jouit le Maroc au niveau international. Autre actualité qui a été marquante sur le plan national, les résultats du recensement. Finalement, et contrairement à ce que beaucoup d’entre nous pensaient, nous ne sommes que 30 millions de Marocains.
Certainement, c’est une chance pour le Maroc…
Effectivement. Nous sommes 30 millions avec trois millions de Marocains vivant à l’étranger, attachés à la patrie et qui se comportent de plus en plus comme des touristes. La bonne nouvelle qui résulte de ce recensement, c’est que nous avons pu maîtriser notre croissance démographique. Maintenant, il faut réfléchir à construire un avenir meilleur. Le Maroc compte des potentialités énormes. Malheureusement, la croissance reste toujours collée à ses résultats moyens de 3 % qui ne permettent pas d’améliorer la situation matérielle des Marocains.
Que faut-il faire pour insuffler une nouvelle dynamique à la croissance économique ?
Je pense que le gouvernement actuel ne veut pas se poser les vraies questions. Nous devons coûte que coûte maintenir le processus de réforme. Ce n’est pas le cas. Où en sommes nous aujourd’hui avec le programme de la mise à niveau?. Les choses n’ont pas tellement avancé. Le tissu industriel en état de déliquescence; de plus la volonté de ne pas vouloir se poser les vraies questions fait qu’il y a péril en la demeure. Il est temps de promouvoir l’investissement local. La confiance n’est pas une question subjective, elle se construit.
Comment analysez-vous la situation de la PME marocaine en cette fin 2004 ?
Malgré les différents efforts consentis, notamment à travers la Fédération, on constate que la PME marocaine n’a pas encore trouvé un appui de la part des dirigeants. On n’a pas trouvé à la petite entreprise la vision qui lui faut. On ne lui a pas trouvé une politique pour la protéger de la contrebande et de l’informel. D’ailleurs, les statistiques laissent entrevoir une nette recrudescence de l’informel durant les deux dernières années. Sûrement, il y a eu des petites entreprises qui, à défaut de pouvoir s’organiser dans le circuit formel, ont rejoint l’informel. Il est nécessaire, va cette situation, d’accélérer le processus des réformes.
Comment se présente l’année 2005 pour le tissu économique, compte tenu des différentes contraintes à l’international ?
S’il n’y a pas enclenchement d’un processus de réformes réelles visant à instaurer la bonne gouvernance, il sera difficile de considérer 2005 comme une année de relance. Les contraintes à l’international ne sont pas vécues que par le Maroc. Je pense qu’il faut être attentif aux évolutions qui se font dans notre voisinage. Il y a une petite mastodonte qui se nomme la Turquie, et qui frappe à la porte de l’Union européenne. Je pense qu’après l’adhésion de ce pays à l’U.E, l’Europe risque de regarder encore plus à l’Est. Autre évolution qui nous concerne, le processus d’Agadir. Mais la solution passe ici et là par les réformes. Je pense qu’il faut exploiter à fond le partenariat signé avec les USA, lequel est une chance pour notre économie.
Et la menace chinoise ?
Les produits chinois ne constituent un péril que quand ils pénètrent au Maroc de manière frauduleuse. Quand les marchandises passent par la douane, il n’y a aucun problème. Ceci dit, je reste quand même confiant en l’avenir du Maroc, sa population et ses potentialités.

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