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Éditorial : Errements et erreurs

© D.R

Le penseur Mohamed Abd Jabiri avait affiché sa surprise sur la facilité avec laquelle certains dossiers litigieux ont été approuvés par le gouvernement Jettou.
Jabiri évoquait évidemment ces projets élaborés par le gouvernement d’alternance mais qui ont été bloqués à plusieurs niveaux. Et comme par miracle, ces projets ont connu un dénouement rapide juste après l’installation du gouvernement actuel. Lequel a réussi, miraculeusement, à concilier tous les antagonistes qu’ils soient partenaires sociaux, patronat , élus ou autres. La réaction nuancée de Jabiri semble aujourd’hui vérifiée face à la fragilité de certains accords. On n’ira pas jusqu’au bout de la pensée de l’ex-socialiste qui voulait dire que l’on a saboté le gouvernement Youssoufi. Mais les difficultés qui entravent les décrets d’application du code du travail, par exemple, risquent de jeter beaucoup d’anathèmes sur le gouvernement Jettou. En tout cas, la Primature a voulu aller vite pour redorer un blason terni par un arrêt brusque de l’alternance. C’est tout à fait légitime sauf qu’il est insensé qu’un gouvernement fasse voter une loi sans vérifier qu’elle est conforme aux textes en vigueur.
Ces erreurs ou errements ne peuvent s’expliquer que par une ignorance procédurière ou un effet d’annonce pour rehausser la cote d’un cabinet impopulaire. Dans les deux cas, il fallait bien s’attendre à un revers de la médaille qui fait qu’aujourd’hui l’application du code de travail divise plusieurs départements du gouvernement. À tel point que les partenaires sociaux ont commencé à douter jusqu’à boycotter les travaux de la commission. Pis encore, le gouvernement qui s’est piégé lui-même a décidé de tenir une réunion interministérielle pour remédier à cette situation.
Une posture anecdotique d’un cabinet qui découvre après la promulgation d’une loi et son approbation par le Parlement, qu’il faut changer certaines de ses dispositions pour qu’elle puisse être conforme. Autant dire que la gouvernement a mis la charrue avant le boeuf et qu’il vaudrait mieux revoir toute la copie d’une reforme aussi bâclée que de patauger dans des décrets d’application impossibles à mettre en oeuvre. Cette affaire politico-juridique n’aurait jamais éclaté si la direction des impôts n’avait pas diffusé une circulaire-bombe qui remet toute en question. Elle déteint un manque de concertation et coordination flagrant entre les différents départements ministériels.
Quand la direction des impôts n’est pas au courant d’une exonération fiscale et que de surcroît elle ne figure pas dans la loi des Finances, c’est qu’on jongle avec les chiffres comme on jongle avec un ballon. C’est-à dire dans l’insouciance totale qui enfante aujourd’hui un code de travail décousu. Mais la fiscalité n’est pas le seul hic qui bloque cette reforme approuvée à la hâte.
Curieusement ce sont les mêmes points de divergences qui bloquaient le code au temps de l’alternance qui refont aujourd’hui surface. Comme si au cours de dialogue social, tous les partenaires ont fermé l’oeil sur les points de divergences en attendant des jours meilleurs. C’est plutôt raté comme tactique qu’elle soit politique, sociale, économique puisqu’elle nous ramène au point de départ.

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