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Éditorial : La main d’Israël

Coup de théâtre, surprise, désolation, grippe présidentielle, désarroi ministériel au pluriel arabe ont suivi l’annulation rocambolesque du Sommet arabe de Tunis. Personne n’y comprend rien. A commencer par le ministre des Affaires étrangères tunisien qui a annoncé à ses homologues arabes le report sine die du sommet.
Les chefs de la diplomatie arabe n’y ont vu que du feu, comme si leur assemblée n’était pas souveraine. Quant au peuple arabe, il n’a jamais compris pourquoi leurs chefs d’Etat se réunissent depuis près de soixante ans pour ne rien faire. Ou plutôt de tout faire pour enfanter à chaque fois leurs éternels désaccords et saborder ainsi toute velléité d’union si jamais celle-ici a jamais véritablement existé un jour. Aussi et quoique cette annulation soit une première dans les annales de la Ligue arabe, il ne faut pas s’étonner outre mesure de cette décision. Elle ne reflète qu’une idée figée depuis plus d’un demi-siècle que se font les Arabes de leur chimérique union.
D’ailleurs, l’Histoire est têtue dans ce genre de foire aux chefs d’Etat arabes.À chacune de leur réunion, il se passe des choses mystérieuses qui focalisent leur attention plutôt sur les divergences que sur les convergences de vue. C’est prémédité de l’extérieur et on ne peut que croire cet expert averti du Proche-Orient qui nous avait prévenu qu’Israël voyait d’un mauvais oeil ce sommet.
Certes, ce n’est pas nouveau que les Israéliens souhaitent l’échec d’un Sommet arabe pour les raisons que tout le monde connaît. Mais cette fois-ci l’Etat hébreu aurait été acculé à accepter malgré lui le plan de paix saoudien si jamais il avait été approuvé par les chefs d’Etat arabes. Un plan qui, faut-il le rappeler, est très équilibré et résout d’une manière subtile le problème du retour des réfugiés palestiniens sans heurter les sensibilités des Israéliens. Quand on sait que ces derniers ne voulaient rien entendre sur ce sujet de retour, ils savaient que, ce faisant, ils seraient acculés au pied du mur de la paix. Ce n’est pas aussi par hasard que l’armée israélienne, sur ordre direct de Sharon, a liquidé traîtreusement Cheikh Yassine.
Le timing n’est pas fortuit puisque les déplacements du chef du Hamas était connus par tous pour ne pas établir une coïncidence avec le Sommet arabe. Israël a eu toujours peur de la paix pour oser l’affronter sans le sang et le terrorisme d’Etat. Il est certain, aujourd’hui, que face au coup d’Etat de Tunis perpétré contre le Conseil des ministres arabe des Affaires étrangères, que la main d’Israël n’est pas loin. Les tirs croisés aussi meurtriers peuvent aussi provenir des canaux d’une diplomatie secrète qui tend vers l’absolutisme.
Autant que celui de la plupart des pays arabes dont les chefs d’Etat ont peur de la démocratie qu’essaye de leur imposer le plan américain du grand Moyen-Orient. Même si la démocratie est loin d’etre un mal, on est de plus en plus certain que les Arabes ne tiennent plus leur destin en main. L’amnésie arabe est totale.

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