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Éditorial : Les maux de l’AMO

La signature, mardi 4 janvier à Agadir, sous les auspices de S.M le Roi Mohammed VI de la charte d’application de l’assurance maladie obligatoire entre le gouvernement et les différents partenaires sociaux représente sans conteste un pas social important.
Premier grand chantier qui se concrétise au début de 2005 après son lancement, il y a près de trois ans, par le gouvernement Youssoufi, l’AMO est une bonne nouvelle pour des millions de Marocains exclus jusqu’ici de la couverture médicale. À se demander comment ces derniers faisaient-ils lorsqu’ils tombaient malades pendant les années passées! En fait, résignés, ils ne faisaient rien. Attendant que la mort les emporte.
Désormais, les bénéficiaires affiliés à la CNSS vont pouvoir se soigner sachant qu’ils seront remboursés par cet organisme désigné pour gérer ce nouveau système. Les populations démunies, qui ne sont inscrites dans aucune caisse de prévoyance sociale, accéderont, elles, aux prestations gratuitement grâce au Régime d’assistance médicale aux économiquement faibles (Ramed).
Dans un pays où à peine 13 % de la population active accède aux soins médicaux, la mise en route progressive de l’AMO est une révolution en ce sens où ceux qui n’ont pas les moyens seront à l’avenir soignés dans des conditions, il faut l’espérer, optimales. Or, il ne faut pas tomber dans l’autosatisfaction et considérer que le travail a été fait.
Non, la mise en oeuvre de l’AMO pour un pays comme le Maroc n’est que le début d’un long processus. Il convient maintenant de se mettre sérieusement au chevet de la santé publique dont l’état n’est guère reluisant. Hôpitaux souvent décrépis et insuffisamment équipés, personnel sous-payé qui tend à chercher le complément de salaire chez le patient, prestations incomplètes qui laissent à désirer… Les dysfonctionnements de ce service public vital sont particulièrement aggravés par l’absence d’une politique de santé claire et ambitieuse.
Les campagnes ponctuelles de vaccination contre telle ou telle maladie sont utiles, mais ne sauraient tenir lieu de vision stratégique dans ce secteur où il est urgent de lancer un débat national franc et salutaire. Le personnel de la santé publique, qui menace de faire grève depuis plusieurs mois, est rongé par un malaise profond que le ministère de tutelle comprend visiblement sans qu’il puisse aller au-delà du constat d’impuissance.
L’AMO, projet au coeur des enjeux économiques et sociaux du pays, est censée arriver sur un terrain sanitaire propre et développé avec des infrastructures suffisantes et viables, capables de prendre en charge les besoins des malades. Ce qui est loin d’être le cas.
Pour tout dire, «l’AMO» est aussi important que l’aval. Sinon, il y a fort à parier que l’AMO, greffée sur des problèmes chroniques, sera une AMO handicapée d’office et chargée de maux. Étant entendu que les gens nantis ne sont pas concernés par cette affaire puisqu’ils se soignent déjà soit dans les cliniques privées soit carrément à l’étranger.

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