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Éditorial : Pompage maritime

Les autorités marocaines sont en cours de négociation depuis quelque temps d’un nouvel accord de pêche avec l’Union européenne. Le retour de ce dossier au-devant de l’actualité intervient alors que le Maroc avait refusé en 2000 de le renouveler sous sa forme classique : compensation financière contre ressources halieutiques. En vérité, le lobby national de la pêche, qui n’a jamais vu d’un bon œil la flotte principalement espagnole dans les eaux du Royaume, avait pesé de tout son poids dans la décision des responsables, promettant en retour un accroissement des investissements dans la filière en termes de valeur ajoutée, de modernisation de l’outil de production et de création d’emplois.
Quatre ans après, il est loisible de constater que ces engagements n’ont pas été tenus. Pis, un malaise sans précédent s’est installé dans la pêche hauturière en particulier  à cause du repos biologique devenu systématique (7 mois sur 12) du fait de la rareté du poulpe. Cette situation se répercute surtout sur le personnel marin qui paie les frais de ce chômage technique forcé et prolongé. En somme, on a perdu beaucoup de temps pour revenir à la case départ, pour ne pas dire nulle part, alors qu’il était possible de décréter un moratoire pour réfléchir sérieusement sur l’avenir du secteur en vue de le doter d’une vision qu’il n’a, malheureusement, toujours pas.   
C’est dans ce contexte de crise et de navigation à vue que le Maroc va signer de nouveau avec l’Union européenne un accord dont certaines sources minimisent l’importance. Il s’agirait, selon elles, d’un “petit accord“ qui profiterait encore aux armateurs espagnols pour une pêche artisanale et côtière, qui exclut cette fois-ci le poulpe, dans le nord du pays au profit des pêcheurs andalous et une activité tournée vers le pélagique en faveur des professionnels des Iles Canaries dans les provinces du sud, là où les eaux sont poissonneuses (stock C fort d’un million de tonnes de sardines). Il semble qu’il s’agit encore d’une opération de sauvetage à caractère  socio-politique de certains segments de la pêche ibérique qui ont du mal à se reconvertir. Ce n’est pas Oualalou qui crachera en ces temps de disette budgétaire sur une contrepartie financière aussi minime soit-elle alors que le pays avait snobé la bagatelle de 80 millions d’euros par an il y a cinq ans.
En fait, la pêche au Maroc a besoin d’une autre façon de faire. D’abord d’une stratégie axée sur la valorisation et la transformation du poisson, qui rompt avec le pompage du fond marin sans grande valeur ajoutée. Pour cela, il faut ouvrir cette activité au partenariat international de telle sorte de créer des emplois durables et des richesses réelles pour l’économie nationale. C’est le seul moyen de sortir le secteur de l’esprit de rente qui caractérise nombre de ses promoteurs.

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