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Editorial : Sevrage

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Abdelkrim El Khatib, octogénaire, est arrivé au bout du chemin. Lors de la réunion du conseil national du parti samedi 5 juillet à Rabat, le leader du PJD (Parti de la justice et du développement) s’est retrouvé face à une salle hostile majoritairement pour ne pas dire complètement acquise au MUR (Mouvement Unicité et Réforme). Cette situation confirme ce que l’on soupçonnait déjà, à savoir que le parti est bel et bien phagocyté par le mouvement et que le PJD n’avait de troupes autres que celles encadrées et endoctrinées par les dirigeants du MUR. En termes plus clairs, le PJD n’est qu’une enseigne dépourvue de militants derrière laquelle se cache le MUR dont les promoteurs sont les véritables hommes-orchestre et les penseurs d’une stratégie occulte à l’opposé des principes limpides affichés par M. El Khatib . Ceux qui pensaient que celui-ci pouvait maîtriser les islamistes légalisés en ont été pour leur frais. Dans ces conditions, le leadership de ce nationaliste de la première heure avait quelque chose de factice. Ils étaient plus forts que lui. Cette réalité est apparue au grand jour à l’occasion de ce rendez-vous qui s’est déroulé dans une ambiance houlouse- que Mohamed Khalidi a cru au demeurant utile de “sécher“. Le patron du PJD, longtemps donc abusé par la duplicité des membres à la double casquette (MUR et PJD), l’a appris donc à ses dépens. Comble de l’indiscipline, le chef, hué par des militants MUR en furie, a menacé de quitter la réunion en signe d’exaspération. “Retire-toi si cela te chante“, ont répondu à l’unisson des voix dans la salle aux cris de “Raïssouni est notre leader“. Une banderole affichait cette phrase très significative “ Nous sommes tous des Raïssouni“. Voilà, les membres du conseil national dans un élan de défi ont fini par le proclamer haut et fort. C’est dans Ahmed Raïssouni, continuant à tirer les ficelles du mouvement malgré sa démission du poste de président, que se reconnaît la masse des islamistes légalisés. Abdelkrim El Khatib, qui a quitté la réunion, est ainsi édifié. Résultat : la principale nouvelle que ce dernier devait annoncer dans sa déclaration finale devant les membres du conseil national n’a pas eu lieu : la séparation du MUR avec le PJD. Les hommes de Raïssouni ont vraisemblablement été poussés à saboter la rencontre pour empêcher Abdelkrim El Khatib de prononcer une décision dont ils ne veulent pas entendre parler. Ils tiennent toujours à la relation organique liant les deux structures. Car la fin de cette relation priverait l’idéologie du mouvement de la sève electoralo-politique du PJD dont il s’est longtemps sustenté. Difficile en effet d’abandonner du jour au lendemain une sève aussi nourrissante, tellement fortifiante. Abdelkrim El Khatib, qui sait désormais où il habite, finira-t-il par imposer le sevrage malgré l’adversité de ceux qu’il croyait être les siens ?

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