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Femmes, la preuve par la culture

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L’amélioration du statut de la femme au Maroc est-elle la seule affaire du législateur ? Ne faudrait-il pas également révolutionner les attitudes, les comportements et autres pratiques patriarcales envers les femmes ? Quel autre instrument peut être aussi efficace pour promouvoir une culture de l’égalité ? La culture, puisque c’est de cela qu’il s’agit, agit sur les esprits. Les femmes en sont aujourd’hui plus que jamais conscientes. L’art, et particulièrement le cinéma, s’est révélé un outil redoutable pour bousculer les préjugés sur leur condition. La polémique, déclenchée en été 2006 autour du film «Marock», offre ici une preuve éclatante. Il a suffi que ce film iconoclaste porte la signature d’une femme, en l’occurrence Leïla Marrakchi, pour voir réveiller les vieux démons du machisme. Comment une femme a osé bousculer les tabous, soigneusement «entretenus», sur la religion, le sexe et autres interdits ? Il n’en a pas fallu plus pour que les gardiens du vieux temple sortent la lourde artillerie, à telle enseigne qu’ils en sont arrivés à contester jusque la «marocanité» de la réalisatrice qui, bonjour la paranoïa (!) , aurait été «téléguidée par des mains étrangères» pour «porter atteinte » à cette fameuse «spécificité culturelle». Une campagne haineuse, relayée par une publication intégriste, s’est mise en branle pour descendre en flammes un film dont le seul «délit» est d’avoir procédé à un simple travail de questionnement par rapport à des préoccupations de la société. La réalisatrice a été accusée de «blasphème» pour la simple raison qu’elle a montré, à travers une séquence, une Marocaine embrassant un autre Marocain de confession juive. Mais voilà, cette polémique a le mérite d’avoir suscité, par ricochet, un véritable sursaut de solidarité avec l’artiste. Une véritable levée de bouclier chez les associations féministes, relayées par les médias progressistes, pour défendre le droit de tout citoyen, à plus forte raison la femme, à la liberté d’expression. Au-delà du cinéma, qui s’est avéré une arme de combat efficace pour asseoir le principe de l’égalité, il y a également le verbe. La poétesse Hakima Chaoui, pour ne citer qu’elle, avait également essuyé des critiques d’une cruauté sans faille de la part des intégristes. En ligne de mire, un simple poème jugé «attentatoire à la religion». Il a fallu la sortie du ministère des Affaires islamiques pour calmer les ardeurs. Le hasard du calendrier a voulu que la lecture de ce poème se soit déroulée à l’occasion de la Journée mondiale de la femme. L’épisode du concours « Miss Cerise », à Sefrou, est également toujours là pour nous rappeler la résistance des forces obscures  pour contrer l’épanouissement intellectuel des femmes. En dépit de cette campagne, ces dernières continuent de mener un travail en profondeur pour transformer les mentalités. Grâce à cette hargne, certaines d’entre elles sont arrivées à percer sur différents créneaux artistiques : arts plastiques, musique, chant, danse, théâtre, cinéma… Une belle leçon de courage.

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