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Grand hommage à M’Hamed Zinbiba

© D.R

«S’il fallait mourir pour sauver d’autres, je le ferai ». « C’est ce que me répétait mon frère M’Hamed à chaque fois que je lui demandais de ne pas prendre de risques dans l’exercice de ses fonctions», témoigne Mohamed, le frère cadet du policier regretté Zinbiba, qui a trouvé la mort dans l’explosion terroriste du 10 avril. «Quand il m’arrive de discuter avec M’Hamed de mon militantisme partisan, il me répond que lui aussi milite pour la sécurité des citoyens et la protection des institutions», enchaîne un ami du défunt, Ayach Mostafa. «M’Hamed ne connaissait pas la peur», confie un autre. Dans le quartier de Sidi Othmane, où une grande foule s’est rassemblée mercredi soir pour rendre un dernier hommage à M’Hamed Zinbiba, tout le monde saluait la bravoure du défunt. On imaginait à peine comment ce dernier a pu se jeter sur un terroriste bardé d’explosifs et exposer sa vie au danger. «Le patriotisme n’a pas de prix, surtout quand il s’agit de sauver la vie des innocents», fait valoir l’un deux. M’Hamed Zinbiba offre un exemple typique de ce que peut être un patriote. Mais voilà, d’où alors tenait-il cette formidable qualité ? Explication. Né en 1961, à Sidi Othmane (en face de la vieille salle du cinéma Othmania), le regretté côtoie de sitôt l’insécurité, l’injustice des «sbires» de son bidonville natal… Il en savait quelque chose. Mais sa condition de « marginal » ne l’a pas empêché de construire, brique par brique, une carrière digne d’être citée en exemple. Issu d’une famille de 7 frères (3 filles et 4 garçons), qu’il entretenait jusqu’avant sa mort tragique, depuis le décès de son père (Mohamed) et de sa mère M’Barka Bent Mohamed, respectivement en 1990 et 2005, M’Hamed Zinbiba se fait remarquer par sa lucidité dès ses premières classes à l’école « Abou Al Kacem Chabi», à Sbata, puis à « Al Hassania» (Derb Mila), et finalement à l’école «L’Hermitage» de Derb Soltane où il décroche en 1985 un niveau Baccalauréat, option littérature. Le cursus estudiantin du défunt s’arrêtera à ce niveau, puisque un an plus tard, il changera de cap pour donner corps à un vieux rêve : intégrer le corps de la Sécurité. Admis en tant qu’inspecteur de police, il servira d’abord à Taza (12 ans), avant de mettre le cap sur Boujdour pour un stage de formation (6 mois), puis détour par Marrakech où il est resté jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix. En 2000, il retourne à Casablanca pour servir dans différents arrondissements de police, dont le dernier n’est autre que celui d’Omar Ibn El Khettab, situé dans le quartier El Fida ; celui-là même où il a perdu la vie dans l’explosion du terroriste Ayoub Raydi, laissant derrière lui une épouse inconsolable, Najia de son nom, et des frères déchirés par le drame : Ahmed, Zohra, Fatna, Jilali, Mostafa, Khadija et Mohamed. Ces derniers sont d’autant plus inconsolables que le défunt aurait toujours été le grand soutien et en même temps «l’ambianceur» de la famille. «M’Hamed répandait autour de lui une odeur de félicité ; il était d’une générosité exemplaire, il entretenait ses frères et sœurs, dont une a été abandonnée par son conjoint avec ses enfants ; en plus, il est devenu depuis la mort de mes parents le rassembleur de tous les membres de la famille. A chaque fois qu’il y avait un différend, il intervenait, avec son inévitable sens de l’humour et de l’anecdote, pour nous réconcilier», se rappelle le frère Mohamed, le regard et les bras pointés vers le ciel. «Je ne pardonnerai jamais aux terroristes d’avoir tué mon frère, ils sont tous des criminels», s’indigne cet ancien étudiant en théologie. «Ces gens n’ont aucun niveau, ni scolaire ni culturel ni scientifique ni rien du tout. Ils ont été conditionnés par les idéologues du terrorisme, lesquels ont fabriqué des bombes humaines pour tuer des innocents, à défaut de pouvoir se rendre utiles à la société dans laquelle ils vivent. Ils ont manipulé et téléguidé des jeunes pour semer la terreur parmi la population. Il s’agit d’une bande de délinquants, ils n’ont strictement rien à voir avec l’Islam, dont ils se revendiquent», dit-il, révolté. «De quel droit et du haut de quelle irresponsabilité osent-ils se réclamer de notre religion, qui interdit, clairement et fermement, de porter atteinte à la vie d’autrui ?», s’interroge-t-il, furieux. «Je les appelle à se débarrasser de leurs bombes destructrices et faire acte de pénitence, ce qu’ils font est, bien évidemment, contraire à l’Islam et aux valeurs qu’il a cultivées à travers les siècles», précise-t-il. «J’appelle également les parents à prendre soin de l’éducation de leurs enfants, en vue de les mettre à l’abri de l’idéologie de la terreur», poursuit-il. En ce qui concerne la victime de l’acte lâche et ignoble du mardi 10 avril, «M’Hamed est un motif de fierté pour sa petite famille mais aussi et surtout pour tous les Marocains». Les funérailles officiels qui ont été organisés, en l’honneur du martyr jeudi à Casablanca, témoignent de la reconnaissance de tout le pays pour le valeureux citoyen. Il restera un emblème fort de la lutte contre le terrorisme. Un symbole vivant de patriotisme.

Un Wissam et des funérailles officielles pour Zinbiba


Les funérailles officielles de l’inspecteur de police, feu Mohamed Zinbiba, mort dans l’une des explosions terroristes survenues mardi à Hay El Farah, ont eu lieu jeudi à Casablanca, en  présence du ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa.
Le martyr, qui a été inhumé au cimetière Chouhada, a été décoré à titre posthume du wissam Al Arch de  l’ordre d’Officier, décerné par SM le Roi Mohammed VI, et promu au grade  d’officier de police pour la bravoure et l’abnégation dont il a fait montre  dans l’accomplissement de son devoir. Cette décoration témoigne de la Haute sollicitude dont SM le Roi entoure la  famille de la Sûreté nationale, avait indiqué M. Benmoussa, qualifiant de  martyr le défunt, mort dans l’accomplissement de son devoir national et  professionnel dans la lutte contre des terroristes.
SM le Roi Mohammed VI a donné ses Hautes instructions au ministre de  l’Intérieur pour prendre toutes les mesures nécessaires afin que la famille du  défunt soit entourée de la plus Haute sollicitude royale, notamment en ce qui  concerne les obsèques de feu Zinbiba et de l’attention toute particulière dont  doivent jouir constamment les siens.

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