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Haro sur El Hilaâ

La vocation même d’un rapport d’enquête comme celui sur la CNSS est de ne pas plaire à tout le monde. À commencer par les intéressés dont les noms sont cités. Ces derniers s’échinent à lui trouver tous les défauts du monde : chiffres imprécis, contre-vérités flagrantes et conclusions tendancieuses. Stigmatiser un rapport pour établir qu’il n’est pas crédible.
Les manoeuvres de ce style ont déjà commencé. Après la contre-enquête de l’ex-directeur-général Rafiq Haddaoui, c’est au tour d’un autre, qui préfère garder l’anonymat, qui y va de son couplet sur le dossier CNSS. “ Il est tout à fait inutile de traiter dans le cadre du dossier de la CNSS de problèmes qui dépassent le cadre de cette institution mais qui interpellent tous les Marocains et tous les partis politiques. Ceci est un déni de démocratie que d’user du Parlement pour jeter simplement l’opprobre sur tout. Ce nihilisme est malsain, électoraliste et est à dessein.“ En quelques lignes, tout est dit ou presque. Le rapport El Hilaâ est descendu en flammes. L’auteur continue : “ Ce rapport n’amène aucune réponse ou vérité sur qui que ce soit mais crée volontairement surtout l’amalgame entre les questions, les faits, les périodes et les acteurs. Preuve en est que sont largement occultés les véritables responsables, par exemple d’anciens ministres : de qui la commission a-t-elle peur ? “ En évoquant la responsabilité d’ex-ministres, l’intéressé reconnaît implicitement que la Caisse était soumise à des actes délictueux. Certes, le rapport de la commission n’est pas parfait. La démarche adoptée manque certainement de cohérence et de précision. Mener une investigation sur trois décennies de gestion d’une institution au fonctionnement complexe, Il faut convenir que l’exercice n’avait rien d’une sinécure. L’auteur de la lettre a un autre point de vue sur ce sujet : “ce rapport n’observe de surcroît aucune démarche investigatrice mais suit une approche curieuse de délation pure et simple qui se fonde d’abord sur l’affirmation gratuite sans faits précis à des dates précises“. Autre question formulée : “ pourquoi la commission n’a-t-elle pas fait le total des prestations servies, des malades soignés, des redressements entrepris et des efforts de résistance en plein milieu des années de plomb“. En un mot, On reproche aux membres de la commission de n’avoir eu d’yeux que pour les choses négatives alors qu’il aurait fallu comme le suggère l’auteur faire état de ses actes héroïques et de ses faits d’armes.
La litanie des griefs continue : “ ce rapport, citant nommément des personnes viole le principe du secret de l’instruction (…)“, souligne l’intéressé qui demande que “les noms des personnes soient retirés“. C’est effectivement la publication des noms des différents responsables de la CNSS, même en annexe du rapport, qui risque de créer la confusion et de les exposer du moment qu’ils sont cités dans un document accablant au jugement hâtif et réducteur de l’opinion : tous coupables. Tous pourris. Alors que la justice ne s’est même pas encore emparée de l’affaire. Cette situation est plus délicate pour ceux qui, après un passage à la CNSS, demeurent toujours dans le circuit. Le président de la commission, le FFD Rahhou El Hilaâ, a crié sur tous les tons que les conseillers-enquêteurs ne se sont pas comportés en juges et qu’ils se sont contentés de rendre compte de ce qui se passait à l’intérieur de l’établissement. Il était prévisible que le rapport en question soit controversé et même dénoncé. Or, était-il possible d’avoir un autre rapport que celui-là, qui aurait recueilli l’adhésion de tous ? Là, est la question. Tous comptes faits, nous sommes en face d’un rapport qui ressemble au Maroc. Avec ses insuffisances et ses incohérences. Cela dit, il n’existe pas une seule vérité. Il y en a une multitude. Chacun a la sienne.
C’est à la justice in fine de démêler l’écheveau complexe de la situation de la CNSS au plan comptable, financier et politique. Et puis, toute défense individuelle sera jugée a priori peu crédible dans un dossier qui représente l’héritage d’un certain Maroc.
Un certain système où l’impunité et la gabegie furent la règle. En fonction de quoi, les intéressés seront mieux inspirés de changer de ligne de défense et ne pas prendre tout sur eux.

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