Il y a dix ans, l’armée est intervenue pour avorter les élections. Une opération suicidaire qui a noyé le pays dans un bain de sang.
Le 26 décembre 1991, le front islamique du salut ( FIS) devait accéder au Parlement, mais une intervention des militaires l’ont privé » de cette chance, et ce, alors qu’il avait remportait 188 sièges sur 430 , le Front des forces démocratiques de Houcine Aït Ahmed avait, alors, 25 sièges et le Front de libération national conduit, à l’époque par Abdelhamid Mehri, n’avait droit qu’à 15 siège.
De surcroît, le FIS se trouvait en ballottage favorable dans la plupart des 199 autres circonscriptions restées en jeu. Ces élections, qui ont connu une abstention de 40% de la population lui ont donné 3.200.000 voix contre 1.700.000 pour le FLN et 510.000 en faveur du FFD, qui se trouvait , malgré tout , en seconde position après «les frères» de Abbas Madani et Ali Belhaj.
A cette époque, tout indiquait que les Islamistes allaient partager le pouvoir avec le président Chadli Benjeddid. Un président qui a tenté de jouer le jeu du libéralisme politique, après avoir dénoncé le capitalisme d’Etat pratiqué dans son pays et amorcé des réformes libérales. Mais, c’était méconnaître , à la fois, la puissance des militaires qui voyaient de mauvais oeil la démocratisation du régime et des Islamistes qui aspiraient à prendre d’assaut les commandes de l’Etat. Ces derniers, rappelle-t-on, avaient tiré profit des émeutes du 5 octobre 1988 pour se prononcer en tant que détenteurs de la légitimité sociale. En 1991, ils dominaient déjà 60 % des communes algériennes.
Pris en sandwich, Chadli Benjeddid démissionne laissant le pays dans un état de déchirement sans précédent.
Depuis lors, le pays verse dans le sang. Selon des sources fiables, le nombre de morts dans la guerre civile algérienne aurait dépassé les 100.000.