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Immigration clandestine, ou crever pour vivre

Les candidats à l’émigration clandestine ne sont pas seulement marocains. Ils sont aussi et surtout issus des pays africains. On y trouve de toutes les nationalités ou presque : Maliens, Libériens, Sierra Léonais, Somaliens, Zaïrois et Sénégalais…
Chassées pour la plupart de chez eux par la guerre et la misère, ces hordes d’individus s’introduisent clandestinement au Maroc par la frontière est après avoir emprunté à pied des chemins de traverse détournés à travers le désert et les montagnes. Le voyage, très pénible, dure parfois trois mois. Comme seule pitance, pois chiches et eau. Ce féculent, paraît-il, rassasie rapidement et permet d’endurer la faim pendant plusieurs jours.
Le Maroc est, pour ces pauvres hères venus du sud, une étape incontournable pour rejoindre la belle Espagne et l’Europe. Ceux qui “séjournent“ à Tanger espèrent traverser le Détroit à bord d’embarcations de fortune et retrouver les côtes de Tarifa. Il y a les autres qui élisent domicile soit à Nador en vue de pénétrer à Mélilia soit à Tétouan pour se retrouver à Sebta. Depuis quelque temps, une nouvelle étape a le vent en poupe, celle de Laâyoune. Elle permet de gagner par mer les ïles Canaries.
Une fois dans le Royaume, ces immigrants louent à plusieurs des chambres à vil prix dans les quartiers périphériques des grandes villes comme Tanger, Casablanca, Agadir, Marrakech…Une halte indispensable pour s’acclimater et faire les repérages nécessaires: trouver le réseau qui leur permettra de quitter clandestinement le pays de transit vers la terre de leurs rêves. Une véritable gageure. En effet, le calvaire de ces immigrants semble ne jamais devoir finir. Même après avoir réussi à s’installer dans l’anti-chambre du grand départ, ce n’est jamais gagné d’avance. Bien au contraire. Ils doivent apprendre à se cacher pour déjouer la vigilance des services de police et de gendarmerie qui n’ont de cesse de les traquer jusqu’au dans leur repaire . Peu d’entre eux parviennent à passer à travers les mailles des filets. La plupart sont arrêtés et présentés devant un juge pour tentative d’émigration clandestine.
Le verdict dans ce genre de drames humain est invariable. Le refoulement pur et simple. L’ensemble des candidats arrêtés dans n’importe quel coin du pays est acheminé par autocar réquisitionné par la police vers la ville de Oujda ou Nador. Là, la foule des indésirables est conduite à la frontière algéro-marocaine. Que se passe-t-il ensuite ? Difficile à dire tant la procédure de refoulement n’est pas claire.
Généralement, les intéressés font certainement un détour pour s’introduire de nouveau au Maroc par un autre poste-frontière. Une chose est sûre : l’aventure s’apparente pour ces hommes dont l’apparence dit le désarroi et le dénuement à un éternel recommencement fait de souffrance et d’embûches. Un véritable chemin de croix.
Aucun autre pays ne veut d’eux. Le Maroc les chasse. L’Europe les refoule. Ils sont en même temps partout et nulle part tant qu’ils n’auront pas réalisé l’ambition de leur vie. Pour cela, ils sont prêts à tout y compris de crever dans l’infime espoir de vivre…

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