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Investir, la clé du changement

Le discours royal devant le nouveau Parlement a rappelé, encore une fois, les nombreux défis qui attendent le Maroc parmi lesquels figure la croissance économique. Celle-ci est le point nodal et la clé de voûte des problèmes majeurs du pays. C’est là que réside la solution, la vraie, dont dépend le bien-être des citoyens aussi bien des villes que des champs.
Sans la croissance et l’investissement productif, le Maroc ne saurait résorber ou du moins réduire le fléau qui monte en flèche : le chômage des jeunes. Un drame social. Si le besoin d’embauche n’émane pas naturellement de l’activité économique, le gouvernement serait encore tenté de créer quelques milliers de nouveaux postes budgétaires et proclamer à grands trémolos qu’il a participé à diminuer de l’intensité du phénomène. Ce faisant, il ne contribue en fait qu’à grossir les rangs d’une administration déjà pléthorique qui bouffe actuellement autour de 13% du Produit intérieur brut (PIB) alors que la norme internationale se situe autour de la moitié de ce ratio.
Gouverner, c’est pouvoir. Pouvoir prendre des mesures audacieuses qui bousculent les habitudes. Pouvoir faire preuve d’une politique imaginative qui révolutionne les mentalités. Pouvoir sortir de cette culture du consensus qui, comme son nom l’indique, n’est qu’une manière de satisfaire tout le monde, à défaut de pouvoir mécontenter tel groupe ou tel lobby. C’est cette recherche absolue du consensus, devenue une fin en soi, qui a fait qu’à l’heure qu’il est, le Maroc ne dispose toujours pas d’un code de travail moderne, bloqué qu’il est dans une commission de la deuxième Chambre. Pour un pays qui veut drainer le maximum d’investissements, cela a de quoi étonner. Il y a comme un hiatus entre les ambitions affichées par le pays et la réalité qui est la sienne sur le terrain.
Une nation comme le Maroc, qui veut résolument sortir de son sous-développement, a vocation d’offrir aujourd’hui l’image d’un gigantesque chantier grouillant d’activité et de dynamisme. Avec le lancement de projets immenses tous azimuts susceptibles de projeter le pays dans l’avenir. Cette politique des grands travaux a ceci d’avantageux qu’elle mobilise les énergies et libère les potentialités autour d’un immense idéal. Cette part du rêve que tout projet de société porté par des hommes politiques sincères est censé injecter dans les consciences.
Un homme d’affaires avisé a du mal à comprendre pourquoi le gouvernement sortant n’a pas pris ce chemin alors qu’il en avait la possibilité, d’autant plus que les financements internationaux sont disponibles à des taux très intéressants. Pour cet opérateur économique, le Maroc, que les bailleurs de fonds étaient prêts à aider dans son entreprise de développement, aurait pu injecter 4 ou 5 milliards de dollars dans son circuit économique et relancer ainsi l’activité économique et favoriser l’acte d’investir. Mais l’argentier du Royaume, Fathallah Oualalou, a refusé ce surcroît d’endettement, arguant qu’il ne veut pas hypothéquer l’avenir des générations futures. En apparence, l’approche Oualalou se soucie du niveau de la dette extérieure du Royaume qu’il ne veut pas augmenter. En fait, il ne suffit pas d’avoir des fonds même en surabondance pour redynamiser la machine économique. Que faire de l’argent et comment l’utiliser à bon escient en l’absence d’un programme aux contours clairs avec une méthodologie d’action définie ? C’est tout le problème des gouvernants qui est l’expression d’un manque patent d’imagination et de courage dans la conduite de ses affaires.
Quelque temps après l’installation du gouvernement Youssoufi en mars 1998, un ministre nous a confié ses désillusions nées de ses visites sur le terrain dans le Maroc “d’en bas“. “ J’ai eu l’occasion de constater que nous sommes à côté de la plaque. Nous confectionnons des lois de Finances pour les mêmes, ceux qui sont déjà riches“, lâche-t-il. Si les mots ont un sens, cette phrase est chargée de sens. Soucieux des grands équilibres macro-économiques, les budgets des gouvernements qui se sont succédé jusqu’ici ne traduisent pas vraiment les grandes et véritables préoccupations de la majorité de la population qui vit dans le dénuement et la précarité.
Réputé pour son bon sens et ses qualités de gestionnaire, le nouveau Premier ministre, qui reste un homme qui n’a pas la baguette magique, est attendu sur tout cela. Saura-t-il utiliser de manière optimale sa boîte à outils technocratique pour remplir son nouveau contrat économique et social ?

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