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Le droit à l’indemnisation

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ALM. Quelle est votre appréciation de la constitution en association des familles et proches des victimes des attentats du 16 mai ?
Yasmina Baddou.Personnellement, j’y vois un signe positif d’évolution des mentalités. Se constituer en association, c’est par définition défendre des intérêts communs à travers des actions collectives et organisées. Notre département n’est pas en mesure de s’adresser à des individus. Toute politique de proximité, aussi louable soit-elle, ne peut réussir sans passer par des réseaux organisés qui font office d’interlocuteurs valables et représentatifs. C’est pour cela que cette initiative est à saluer dans la mesure où elle met chacun de nous devant ses responsabilités. D’autant plus que l’attribution d’un budget ou d’une aide donnée s’adresse non à des personnes physiques, mais morales. Maintenant, il faut que cette association vienne vers nous. Nous sommes disposés à recevoir ces familles et à mobiliser les moyens humains qu’il faut et assurer les formations nécessaires pour accompagner ce projet.
Mais d’aucuns y voient un signe de désespoir par rapport au manque d’actions qu’a accusé l’Etat en matière d’indemnisation. Mis à part les initiatives Royales pour venir en aide aux victimes et à leurs familles, force est de remarquer que rien n’a été fait ou presque dans ce sens. Qu’en pensez-vous ?
Il est vrai que S.M le Roi a été le seul à être effectivement venu en aide à ces victimes. La raison en est que, contrairement aux pays européens comme la France ou l’Espagne, l’Etat marocain n’a pas cette habitude d’avoir à gérer des situations pareilles. C’est une tâche que doit assurer, non seulement l’Etat, mais aussi la ville de Casablanca qui devait et devrait se mobiliser pour porter assistance à ces gens. Chose qui n’a malheureusement pas été faite. Les mécanismes qui permettent ce genre d’interventions n’existent pas. Et c’est ce point précis qu’il faut revoir.
Par quoi devrait-on commencer dans ce sens ?
Les victimes et leurs familles aussi bien d’attentats, comme celui advenus à Casablanca le 16 mai dernier, que ceux de catastrophes naturelles, comme cela a été le cas dans les dernières inondations, ou d’accidents, comme celui de l’effondrement des maisons dont l’ancienne médina de Casablanca, ont droit à des indemnisations. Elles ont surtout le droit d’être écoutées, accompagnées et soutenues. Des plans d’urgence sont à établir. Ce n’est pas leur faute si de tels malheurs leur arrivent. Par contre, il est de notre responsabilité de leur accorder l’attention et l’aide nécessaires. Nous avons une part de responsabilité que nous devons assumer. Nous travaillons dans ce sens. L’action associative peut beaucoup apporter.
Toujours est-il que ces mécanismes tardent à être mis en place. Y aurait-il des actions qui sont entamées dans ce sens ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il existe actuellement une véritable prise de conscience quant à l’urgence de fixer des règles en matière d’indemnisation et de mettre en place des instruments d’intervention en faveur des victimes et de leurs proches. La volonté politique existe et il est très possible qu’un passage à l’action suive. Une action qui soit enclenchée par l’Etat mais aussi par les autorités locales, de par sa nature et son devoir d’être un acteur de proximité. La création d’une association ne peut qu’aider à accélérer un processus qui s’impose aujourd’hui et plus que jamais. Une synergie entre l’associatif et le politique est également à trouver.

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