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Le parrainage américain

© D.R

Chaque fois que l’on croyait que le règlement était à portée de main, les rêves ne tardaient pas à s’évaporer. Le même scénario se profile aujourd’hui. Pour beaucoup d’observateurs, l’ambiguïté de l’attitude américaine est pour beaucoup dans des blocages actuels. Faute de visibilité de la part du premier parrain de la «Feuille de route», le plan de paix comporte plus de questions sans réponse qu’une réelle approche claire et planifiée. Par l’approche des élections américaines, l’opacité est encore plus grande. Le Président George W.Bush donne l’impression de vouloir paraître comme étant l’homme de la guerre et de la paix. On peut lire deux interprétations dans son attitude. Selon des spécialistes, la première est qu’il tente de conquérir l’opinion juive en continuant «le processus qu’il avait entamé avec Ariel Sharon qui consiste à transformer le conflit palestino-israélien en un autre inter-palestinien». Sinon, «la moindre des choses serait de fermer le dossier de l’Intifada». L’autre approche est que le Président américain, après la campagne de Bagdad, veut trouver une issue au dossier palestinien pour se réconcilier avec les Arabes et alléger les pressions qu’ils subissent et les menaces terroristes qui pèsent sur leurs dirigeants. George W.Bush prend d’énormes risques dans ses relations avec ces dirigeants en laissant très longtemps les mains libres au Premier ministre israélien. «Surtout que l’image d’Israël a été plus que jamais ternie», relèvent des analystes qui affirment qu’à l’exception de quelques pays de l’Europe de l’Est, c’est presque l’unanimité sur la question palestinienne faisant bloc aux Etats-Unis. Pour eux, il existe même une division au sein des organisations juives américaines sur le conflit avec les Palestiniens : certains d’entre elles craignent «la détérioration de l’image des Juifs en leur faisant porter la responsabilité indirecte des attentats anti-américains». Avec les derniers développements, les choses se corsent et les échéances ne peuvent plus souffrir de reports. Il faut rapidement se prononcer, par exemple, sur le sort du Président de l’Autorité palestinienne. Le compte à rebours aurait commencé pour lui. Leader opiniâtre, Yasser Arafat est un martyre vivant. Le refus de son existence par l’Administration américaine est une tentative d’ignorer la légalité palestinienne : la question se pose en effet de savoir comment un Etat démocratique peut-il se permettre d’adopter une attitude de rejet face à un Président élu démocratiquement, sous contrôle international? S’il n’appartient pas à Yasser Arafat de décider qui doit être Premier ministre en Israël, il n’est pas du droit d’Ariel Sharon de désigner le chef du peuple palestinien. La vraie question qui se pose aujourd’hui, indépendamment des aléas de la conjoncture politique et militaire, est de savoir si l’Administration Bush est arrivée à se convaincre qu’elle doit persuader Ariel Sharon et les colons qu’il leur est impossible de perpétuer leur occupation, de persévérer dans l’option militaire et la destruction. De se persuader et de persuader ses alliés que la garantie de la sécurité, de la paix et de la stabilité dans la région ne peut résulter que du rétablissement du peuple palestinien dans ses droits historiques et de la légitimité de son aspiration à un Etats indépendant et souverain. En attendant, Israël élargit la sphère de ses agressions pour déplacer ses contradictions : pour la première fois depuis au moins deux décennies, il a frappé au coeur de la Syrie. En outre, il n’a pas exclu de lancer d’autres agressions, de durcir ses opérations contre les organisations palestiniennes et de mettre en exécution la menace de se débarrasser de Yasser Arafat. La menace est à ce point réelle que des pacifistes n’ont pas hésité à se constituer en boucliers humains pour défendre le leader palestinien. Pendant ce temps, Ariel Sharon continue l’édification de son mur de l’apartheid, malgré l’opposition américaine. Pour l’Autorité palestinienne, ce mur est un prolongement de la politique israélienne d’encercler la Cisjordanie. L’extension de la séparation raciste des colonies situées au coeur même des territoires palestiniens signifie l’annexion de fait de milliers d’hectares de terre appartenant aux Palestiniens. Un obstacle majeur au processus de paix et une motivation supplémentaire pour les kamikazes.

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