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Les marocains sont-ils anti américains ?

Sommes-nous anti-américain ? La réponse s’impose d’elle même. Officiellement du moins car les Etats-Unis sont omniprésents au Maroc à travers de nombreux chantiers.
Dans tous les défis que nous relevons, ou que nous sommes appelés à relever, Washington, le Département d’Etat ou le Pentagone sont des passages obligés pour notre diplomatie et pour nos services de sécurités.
Au niveau de la défense de notre intégrité territoriale, le plan politique que cherchent à initier les Nations unies est piloté par un ancien Secrétaire d’Etat américain, James Baker en l’occurrence. Nous faisons partie d’une coalition internationale contre le terrorisme, dirigée par les Etats-Unis. Et, nous sommes en train de finaliser, avec eux, un Accord de Libre-Échange économique qu’on a tendance à présenter généralement comme une ultime faveur accordée à quelques rares pays privilégiés en reconnaissance à leur adhésion aux principes et à la politique défendue par l’Administration américaine.
Il faut aussi rappeler que l’ouverture affichée par le Maroc, depuis l’accession au pouvoir de Sa Majesté Mohammed VI, est un facteur déterminant qui milite en faveur de cette volonté de rapprochement et de raffermissement des relations bilatérales. La détermination du Maroc à défendre les droits de l’homme, les libertés individuelles et l’Etat de droit est une dominante qui légitimise cette amitié séculaire que l’Histoire a largement contribuée à faire prospérer.
Les relations maroco-américaines remontent en effet à plusieurs siècles. Notre pays a été parmi les premiers à reconnaître l’émancipation des Américains de la colonisation britannique. En témoignent les correspondances d’époque échangées entre les Sultans du Maroc et les premiers présidents américains. La raison d’Etat, tout comme l’affection que beaucoup de Marocains portent sincèrement aux Etats-Unis, perçus comme modèle politique, économique et/ou social, poussent vers plus de rapprochement et d’amitié entre nos deux peuples.
La qualité de ces rapports est aussi un élément de rééquilibrage des rapports de force régionaux dans la mesure où le soutien américain permet au Maroc de négocier des dossiers aussi pointus que celui de son intégrité territoriale à partir d’une position dominante et à travers une crédibilité retrouvée.
Pour s’en rendre compte, il suffit de se tourner du côté de l’Union européenne. La position privilégiée qu’occupent les Etats-Unis au Maroc est un facteur d’agacement. Un ministre français a frôlé l’incident diplomatique en déclarant que l’accord de Libre échange négocié actuellement par Washington et Rabat est incompatible avec les accords d’Association qui lient le Maroc à l’Europe.
Il faut rappeler que le statut de superpuissance qu’occupent aujourd’hui les Etats-Unis, en fait un partenaire incontournable qu’il serait suicidaire pour une diplomatie de s’aliéner, voire de mécontenter.
C’est le réalisme politique qui le veut, indépendamment de l’amour ou de l’inimitié qu’on peut, parfois légitimement, ressentir à leur égard. Car, bien entendu, il y a l’opinion publique dont il faut tenir compte. À ce niveau, les réactions sont tout autre. La contagion affective ne joue plus face à des prises de position de l’Administration Bush jugées anti-arabe et pro israélienne. En effet, il est trop difficile aujourd’hui pour les gouvernements arabes d’expliquer à leurs peuples pourquoi Ariel Sharon continuer d’assassiner dans l’impunité totale, sans la moindre condamnation de la Maison-Blanche ou du Département d’Etat qui continuent de regarder ailleurs. Il faut bien comprendre la complexité de la situation pour ces gouvernements : Comment courtiser un pays devenu, par élimination, le gendarme du monde du fait de la position que lui procure son statut de superpuissance, sans s’attirer les foudres d’une opinion publique scandalisée par ce qui se passe en terre de Palestine où tout un Peuple est confronté au risque réel de génocide ?
Il est donc tout à fait aisé de comprendre l’anti-américanisme qui a tendance à s’installer au sein de nos populations pour qui la cause palestinienne est une cause nationale. Le défi qui se pose aujourd’hui aux Etats-Unis pour crédibiliser leur politique moyen- orientale, notamment dans le cas irakien, est justement de convaincre de la sincérité de leur démarche en obligeant Israël à respecter ses engagements et à intégrer la légalité internationale.
Autrement ils continueront à faire le jeu des extrémistes qui ne ratent aucune opportunité pour dénoncer la politique américaine de deux poids deux mesures et mobiliser autour d’un slogan porteur selon lequel l’Administration américaine actuelle oeuvre à imposer le Grand Israël.

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