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L’hydre terroriste

Sa Majésté le Roi Mohammed VI suit de très près l’évolution de l’enquête tous azimuts sur les attentats-suicide de Casablanca. Ce contexte particulier a poussé le Souverain à annuler plusieurs rendez-vous internationaux, notamment sa participation aux travaux du sommet du G8 à Evian en France et à ceux du sommet arabe de Charm El Cheikh en Egypte sur la situation au Proche-Orient. Le pays est toujours en alerte maximale. Barrages de police à l’entrée des grandes villes et engagement des forces de sécurité sur deux fronts : l’arrestation des suspects de la Salafia Jihadia et l’enquête sur les attentats de Casablanca. L’heure est à la mobilisation.
À mesure que les investigations avancent avec leur lot d’arrestations et d’interrogatoires des suspects, apparaissent des éléments qui éclairent d’un jour nouveau les attaques terroristes du 16 mai. Petit à petit se dessinent les contours de complicités extérieures dans ces événements tragiques. C’est ainsi que surgit le nom de ce ressortissant français, Robert Richard Antoine-Pierre, alias Al Haj ou Abou Abderrahmane dont le portrait-robot a été diffusé. Objet d’un mandat de recherche national depuis le 31 mai, celui-ci, considéré comme “dangereux“, est signalé en état de fuite dans la région de Tanger où il s’est installé depuis 1996 après avoir tout laissé tomber dans son pays d’origine. C’est à cette date que celui qui a embrassé l’islam à l’âge de 17 ans épouse une fille du pays avec laquelle il aura deux enfants dont l’aîné a quatre ans et demi.
Ensuite, le couple repart en France où il séjourne 5 mois environ avant de revenir de nouveau au Maroc. Ici, on ne reconnaît à ce suspect aucune profession précise. Selon une source proche du dossier, M. Richard Antoine Pierre qui pourrait avoir quitté clandestinement le Maroc, est recherché dans le cadre d’une affaire en cours à Fès en relation avec la saisie récente de produits et d’outils servant à la fabrication de bombes artisanales. La même source précise qu’il a été chargé par des commanditaires extérieurs de mettre en place des cellules terroristes dormantes et à apprendre aux candidats au suicide les techniques de fabrication de bombes.
Robert Richard, qui est passé par l’Afghanistan, a également séjourné à Fès où il a rencontré des membres de la Salafia Jihadia dont Abdelwahab Rafiki (Alias Abou Hafs) aujourd’hui en prison et un certain Hassan El Fassi Alias Abou Yassir . Ce dernier a présenté le Français à d’autres militants de la nébuleuse à Tanger où il assistera pendant le mois de ramadan dernier à deux cercles religieux en présence de sept adeptes de la mouvance.
Le premier dans une maison à quartier Saddam à Beni-Maakda et le deuxième dans un domicile dans le quartier Guezenaïa au l’entrée de Tanger. Au cours de
la deuxième réunion, Robert Richard sera adoubé émir par ses compagnons et affublé de ses deux alias.
Abou Abderrahmane a-t-il joué un rôle dans les attentats de Casablanca ? Est-il le cerveau des opérations qui a fabriqué les bombes ? Les enquêteurs refusent de donner une quelconque indication à ce sujet tant que le suspect n’est pas encore arrêté. Robert Richard représente-il l’agent de liaison de la nébuleuse de la Salafia Jihadia au Maroc avec un réseau terroriste étranger ? Sommes-nous en face d’un sergent-recruteur de kamikazes locaux pour le compte d’une organisation terroriste étrangère?
Une chose est sûre : le profil des kamikazes aussi bien de Casablanca que ceux restés en réserve a obéi à des critères précis. D’abord, les recruteurs pour tromper la vigilance de la police ont jeté leur dévolu sur des individus de la Salafia Jihadia qui ne sont pas fichés par les services de sécurité. Ensuite, les recrues ont été embrigadées et préparées au suicide dans le secret total en l’espace de quatre mois environ. Ce qui représente un temps record. Enfin, la plupart des bombes humaines ont en commun d’avoir fait un passage dans le centre professionnel d’El Hank à Casablanca. Le sergent-recruteur se trouve-t-il ici ?  En tout cas, la façon dont les cinq attentats furent préparés et exécutés (presque simultanément) laisse croire qu’ils ont été conçus par des têtes pensantes basées à l’étranger.
L’enquête n’a pas encore livré tous ses secrets étant donné les ramifications complexes ( qui commencent à apparaître) du réseau intégriste de la Salafia Jihadia. Selon une source proche du dossier, les attaques terroristes de Casablanca portent et bel et bien la signature Al Qaïda. Reste maintenant à identifier et à arrêter les complices étrangers de l’organisation de Ben Laden. À cet effet, la collaboration des services marocains avec leurs homologues européens et américains est intense : échange de fichiers de suspects, analyse et comparaison des indices… Les responsables américains craignent que Al Qaïda qu’ils croyaient décapité ne se soit reconstitué avec la perspective sombre d’attaques terroristes aux Etats-Unis. L’hydre terroriste ne meurt jamais.    

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