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Mobilisation sur internet : les partis politiques marocains se méfient de Facebook

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La classe politique marocaine se méfie de la marche du dimanche 20 février. Les grandes formations politiques ont décidé de ne pas prendre part à cette marche annoncée récemment par un groupe de jeunes sur le réseau social Facebook. La démarche adoptée par ce groupe de jeunes anonymes, consistant à imiter les révolutions tunisienne et égyptienne, ne plaît pas aux partis qui estiment que le contexte marocain diffère totalement de ces deux modèles. Etant donné que le Royaume a déjà choisi de s’inscrire fortement dans le processus de démocratisation et de consécration de l’Etat de droit. Les réactions recueillies par ALM s’accordent pour affirmer ce constat. Les partis politiques se méfient de ces appels lancés à travers le réseau Facebook. «Le PJD a décidé de ne pas participer à la marche du 20 février. Il ne faut pas confondre le Maroc avec les cas de la Tunisie ou de l’Egypte. Il ne sert à rien de gesticuler, parce que nous avons la certitude que les réformes vont arriver. Nous sommes certains que le train des réformes va redémarrer», souligne Lahcen Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD. «Ceci dit, nous appelons les responsables à accélérer le rythme des réformes. Il ne faut plus compter en termes de mois, mais en termes de semaines et même les semaines sont devenues assez longues dans les circonstances actuelles. Les partis politiques ont assuré les citoyens que les réformes vont avoir lieu, et si ces dernières tardent à venir c’est la crédibilité des partis qui sera mise en question. Il faudra vite annoncer la feuille de route des réformes, et ça sera mieux de l’annoncer avant le 20 février», ajoute M. Daoudi. Même son de cloche auprès du Mouvement populaire (MP). «En réalité, le MP ne va pas se prononcer sur des choses virtuelles. Le parti n’a pas à prendre des positions à propos de la marche annoncée pour le 20 février. On ne va pas discuter tout ce qui est sur internet ou sur Facebook. D’autant plus que nous ne savons pas quels sont les animateurs de cette démarche. En plus, du fait que cette marche a été annoncée pour une date antérieure, puis elle a été reportée», précise Mohand Laenser, secrétaire général du MP. «Il est vrai que tout le monde parle actuellement des réseaux sociaux, mais, en principe, on ne doit pas cacher son visage pour annoncer des démarches de ce genre. Ceci dit, notre jeunesse est, à titre personnel, contre cette marche. La jeunesse harakie a créé une page Facebook pour exprimer cette position», assure-t-il.
Pour sa part, le RNI exprime son rejet catégorique de l’instrumentalisation des jeunes Marocains par des parties étrangères. «Notre position est claire. L’utilisation de l’Internet est quelque chose de sacré, étant donné qu’il s’agit d’une forme d’expression, à condition que cette technologie soit utilisée dans un cadre légal et institutionnel. Les jeunes ont le droit de s’exprimer sur Facebook en toute liberté, comme ils ont le droit de critiquer. La chose que nous refusons c’est que ces jeunes soient instrumentalisés», indique Rachid Talbi Alami, membre du bureau exécutif du Rassemblement national des indépendants, ajoutant que «le Maroc a fait des pas de géant en matière de consécration de la démocratie et des libertés. Nous acceptons profondément de capitaliser les acquis et les améliorer mais nous refusons catégoriquement de les détruire». Hamid Jmahri, membre du bureau politique de l’USFP, partage aussi l’avis de M. Talbi Alami. «Bien évidemment, au Maroc, tous les Marocains ont le droit d’exprimer leurs revendications dans le cadre des manifestations. L’une des principales caractéristiques de l’alternance c’est la normalisation de la protestation. Abderrahmane El Youssoufi disait que le Maroc était un mai 1968 permanent. Chaque jour, il y a pas moins de 30 manifestations. L’espace public n’est pas monopolisé par l’Etat ou par un parti particulier. Il faut juste que cela se fasse dans la légalité», affirme M. Jmahri. Et d’ajouter qu’il «faut faire la différence entre ce qui se passe au Maroc et ailleurs. Le Maroc s’est déjà inscrit dans la logique des réformes. Il suffit aujourd’hui d’accélérer la cadence pour plus de démocratie et de normalisation de la vie politique».
A noter que Khalid Naciri, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, avait assuré, dans une interview à l’AFP, jeudi 10 février, que la singularité du Maroc le met à l’abri de la vague de contestation qui secoue le monde arabe. «Nous n’avons pas du tout l’impression d’une crispation importée», a-t-il précisé. «Le contexte est là, mais les Marocains sont habitués depuis longtemps à s’exprimer et ils n’avaient pas besoin de l’exemple égyptien ou tunisien», a fait observer M. Naciri.

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