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Mohamed Karam : Sanctionner les dérives

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ALM : Quel commentaire faites-vous de la dernière sortie médiatique de Nadia Yassine?
Mohamed Karam : Malheureusement, certains n’ont toujours pas réussi à faire la différence entre le droit à la libre expression et le devoir d’observer les limites que trace la loi à ce droit. Le Maroc dispose d’une Constitution qui est claire quant à l’obligation de tous de respecter l’institution monarchique. D’autant que la Monarchie est un système qui n’est pas imposé aux Marocains.
Il existe une sorte de contrat entre le Roi et le peuple. Ce contrat est renouvelé par l’acte d’allégeance qui, loin d’être une simple formalité, constitue un accord entre les citoyens et l’institution monarchique. Un accord qui fixe les droits et obligations du Roi à l’égard de son peuple  et vice versa et qui repose, entre autres, sur le respect qui doit caractériser les rapports entre ces deux composantes de l’Etat comme au respect de tous les fondements de la nation. La loi est là pour veiller à ce respect. Dire, par exemple, que le Sahara, ou n’importe quelle  autre région du pays, n’est pas marocain ou que le régime monarchique n’est pas le bon régime pour les Marocains, c’est commettre une infraction sanctionnée par la loi.

Quel est à votre avis l’objectif recherché derrière les propos de Nadia Yassine ?
Il est encore tôt pour se prononcer. Mais en attendant, l’objectif recherché n’est pas la réforme, encore moins le désir de donner des alternatives valables et réalisables, mais celui de semer le désordre. Que cherche sinon Nadia Yassine à travers  sa sortie médiatique. En contestant la Monarchie, que propose-t-elle en échange, un Etat de non droit, sans institutions ? Un retour à l’ère du chaos, de la siba ? Si les objectifs réels d’un tel changement n’ont pas encore livré tous leurs secrets, il n’empêche que ces tenants sont connus. A commencer par le climat qui s’est installé vers la fin 2004 et tout au long de cette année. Un climat qui consiste en des sorties sensationnalistes de gens sans légitimité, dans le but de revenir sous les feux de la rampe, dans une presse qui en redemande, histoire de mieux se vendre. On l’a vu à travers ces plusieurs titres dans les Unes d’une certaine presse où le Roi, sa vie privée, son salaire, son épouse et plusieurs autres aspects sont étalés. Ce climat n’est pas sain. Il faut sanctionner les dérives pour l’exemple.

Où s’arrêtent les avis personnels de Mme Yassine et où commencent les positions de la Jamaâ ?
Al Adl Wal Ihssane s’est de tout temps exprimé contre le principe même de l’Imama, la commanderie des croyants. Leur littérature, eux qui affirment par ailleurs ne pas faire de politique, mais uniquement de la Daâoua, regorge de chapitres sur ce volet. Mais ce n’est que récemment que certains au sein de ce mouvement commencent à le dire clairement, évoquant non pas le principe en lui-même, mais la personne du Roi et la Monarchie dans son ensemble. Sans être identiques, les deux positions sont indissociables.

Dans son interview, Mme Yassine accuse le PJD d’avoir été instrumentalisé par le «makhzen». Une telle critique, serait-elle synonyme de rupture entre Al Adl et le parti de Othmani ?
Je doute que ce soit là un véritable affrontement entre ces deux composantes du mouvement islamiste. Il s’agit plus d’une répartition des rôles que d’une divergence fondamentale. Preuve en est qu’à chaque fois qu’une manifestation ou un événement requiet une mobilisation des deux entités, on les retrouve soudés autour des mêmes objectifs. Ils ont beau se fâcher les uns avec les autres, ils restent à mon avis les deux faces d’une même médaille.

Par quoi devrait commencer l’assainissement dans ce cas ?
Il faut à mon avis appliquer la loi avec toute la fermeté qui s’impose. Nous avons trois choses sacrées dans notre pays et dont personne n’a le droit de se jouer : notre religion, notre intégrité territoriale et notre institution monarchique. Et tous ceux qui osent s’attaquer à l’une ou l’autre fondement devraient être poursuivis. Il fut un temps où le quotidien Al Mouharir avait été saisi, ses responsables arrêtés,  parce  qu’au lieu d’écrire Forces Armées Royales, le journaliste avait rédigé l’Armée marocaine. Cet exemple est pour dire que nous sommes passés  d’un extrême à un autre avec une vitesse vertigineuse et au risque de passer à côté des véritables opportunités que nous offre la liberté dont nous jouissons actuellement. 
Un débat national est à installer sur ces questions, sur le Maroc que nous voulons. Il est temps d’en finir avec cette vague de débats marginaux autour de questions tout aussi marginales. A l’intérieur des institutions législatives, comme dans la presse, les questions fondamentales pour notre pays cèdent le pas devant des sujets sans substance et qui visent plus à créer des problèmes qu’à en résoudre sur fond de sensationnalisme et de calculs bassement matériels.

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