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Ports : Ghellab rate la mise à niveau

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À partir de demain, jeudi 1er juillet, le Code international pour la sûreté des Navires et des installations portuaires (ISPS) rentre en vigueur. Les ports marocains qui devaient théoriquement être certifiés conformes à ce code à cette date ne le sont pas. 12 ports sont concernés par ce dispositif : il s’agit des ports de Nador, Tanger, Mohammédia, Casablanca, Jorf Lasfar, Safi, Agadir, Tan-Tan, Laâyoune, Dakhla, Al-Hoceima et Kénitra. C’est l’Organisation maritime internationale (OMI) qui a adopté ce code qui contient des règles obligatoires pour toutes les installations portuaires accueillant des navires de plus de 500 tonnes brutes qui empruntent les itinéraires internationaux.
L’ISPS vise, en effet, à déterminer les mesures à prendre pour prévenir les incidents portant sur la sûreté des navires et des installations portuaires assurant le commerce international, et d’appliquer lesdites mesures. Cette réglementation intervient parallèlement à une série de mesures qui touchent les multiples aspects du transport maritime international. Ainsi, au sein de l’Organisation internationale du travail (OIT), des mesures ont été prises pour améliorer l’identification des gens de mer, tandis que l’Organisation mondiale des douanes mettait en place une task force chargée de définir les dispositions propres à protéger le commerce international contre les attaques terroristes. Inutile de rappeler que toutes ces mesures ont été élaborées sous la pression des Etats-Unis, qui n’ont pas manqué d’instituer en interne un ensemble de règles de protection extrêmement rigoureuses : l’agrément de ports étrangers considérés comme sécurisés, dans le cadre de la Container Security Initiative (CIS), la règle des « 24 heures de préavis », opérationnelle depuis février 2003, visant à informer les autorités américaines des manifestes de chargement 24 heures avant leur embarquement sur un navire à destination des Etats-Unis…La ténacité des Américains pour généraliser l’application de l’ISPS a été telle que même l’Union Européenne a fini par incorporé le code dans un règlement. Au Maroc, les autorités ont effectivement pris conscience du problème, mais un peu en retard. Alors que le code a été adopté en décembre 2002, seule la première partie du dispositif, c’est-à-dire la phase d’évaluation et de mise en place du plan d’action est en cours.
L’application, elle, traîne, puisqu’on est toujours en train d’évaluer. Concrètement, des commissions locales animées par les capitaineries des ports ont été mises en place. Et une commission nationale chapeaute le travail de ces dernières.
Les différentes commissions techniques ont formulé leurs recommandations sur le sujet. Et plusieurs aménagements doivent être réalisés dans ce sens : installations, constructions diverses, activation de nouvelles procédures de sécurité, d’accès, de surveillance et de contrôle… Dans tous les ports, les commissions recommandent d’innombrables constructions de clôtures, séparations et murs.
Certains nécessiteront l’introduction de nouveaux systèmes de contrôle plus sophistiqués. Exemple du port de Casablanca, où le rapport de la commission locale préconise la généralisation du système de télésurveillance, l’acquisition des moyens technologiques pour le contrôle de marchandises tels que les scanners, mais aussi l’installation de détecteurs de présence humaine CO2 dans les TC et remorques. L’application de ce dispositif a évidemment un coût. Aucun chiffre ne circule pour le moment.
En France, les autorités évaluent la mise en place du dispositif dans les ports français à 111 M d’euros pour la première année, dont 64 M d’investissement, et à près de 50 M en fonctionnement annuel ensuite. Une chose est sûre, au jour J, les ports marocains ne sont pas prêts. Comme le confirme le ministre de l’Equipement, Karim Ghellab, les choses sont encore au niveau de l’évaluation et la mise en oeuvre des plans d’action. Quant à l’application desdites mesures, pas de date fixe en perspective. En effet, et depuis le début de l’année, les réunions se succèdent pour informer les différentes structures du contenu du code.
Que risque-t-on au juste, maintenant que les ports marocains ne sont pas conformes à cette norme? Les avis divergent. Le ministre de tutelle se veut optimiste et rassurant, et estime qu’il n’a y aucun risque de désagrément à craindre. Reste qu’aucun délai n’a été fixé pour la finalisation du processus de certification. D’autant plus que les démarches pré-certification ont été engagées avec beaucoup de retard.
Techniquement, rien n’empêche aujourd’hui les autorités portuaires d’un autre pays, surtout en Amérique du Nord, de refuser le débarquement d’un navire arrivant d’un port marocain. Et la «compréhension » supposée venir de la part des autres pays dans un premier temps n’exclut pas le fait que les navires qui desservent nos ports auront tendance à se prémunir avec davantage d’assurances, du fait de la non-conformité du port avec les normes en vigueur. Ce qui se répercutera, comme le font observer certains professionnels, inévitablement sur les tarifs de transport. Pour le ministre, le Maroc a engagé une démarche sérieuse sur ce dossier. Soit. Mais un délai clair pour une application concrète de ce dispositif apportera certainement une visibilité meilleure au transport maritime.

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