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Youness Skouri : «La réforme de l’audiovisuel n’est pas le projet d’un ministre, mais un projet sociétal»

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ALM : Quelle est la position du PAM concernant la polémique suscitée par le cahier des charges imposé par le PJD aux télévisions nationales ?
Youness Skouri : Il faut souligner un principe : quand on aborde le secteur de l’audiovisuel, l’on touche à une question qui concerne toute une société. Celle-ci est en partie représentée au Parlement et a en majorité voté pour la nouvelle Constitution. Ainsi la réforme de la télévision marocaine n’est pas seulement le projet d’un ministre, mais c’est un projet sociétal qui doit être basé sur un débat serein entre toutes les composantes de la majorité  gouvernementale d’abord, puis les représentants du peuple et la société civile, sans oublier les concertations avec les professionnels. Ce projet doit également se baser sur des lois actualisés et un processus cohérent.

Qu’est-ce que vous reprochez à ce cahier des charges ?
A titre d’exemple, ce cahier des charges exige un taux d’émissions dédiés aux régions. Il faut selon nous, qu’un tel objectif repose sur une vision globale, notamment  une loi autour de la régionalisation élaborée au Parlement, suffisamment débattue qui assoit d’abord une stratégie de l’Etat non seulement celle d’un gouvernement. La même remarque est à faire pour ce qui est de la langue amazighe instaurée comme langue officielle par la nouvelle Constitution. On ne peut pas imposer un taux d’émissions en langue amazighe sans qu’il n’y ait eu de débat préalable au Parlement ou de loi autour de cela. Aussi pour ce qui est de l’introduction de l’appel à la prière à la télévision, on pense qu’il ne s’agit pas là de la compétence du gouvernement. Parce qu’il n’appartient à personne, à tort ou à raison, de nous dicter notre rapport à la religion en dehors de SM le Roi de part ses prérogatives constitutionnelles.

Y a-t-il un autre élément d’ambigüité dans l’approche du PJD ?
C’est vrai que l’élaboration de ce cahier des charges de l’audiovisuel est du ressort du ministère de tutelle conformément aux lois existantes. Toutefois, le ministère ne peut pas faire comme si les entreprises du secteur de l’audiovisuel et la nomination de leurs responsables sont complètement du  ressort du gouvernement. Ceci puisque la loi organique sur la nomination aux fonctions supérieures et aux institutions stratégiques est toujours en cours de discussions, elle doit établir si telle ou telle institution est du ressort du Conseil du gouvernement ou du Conseil des ministres.

Que révèle cette polémique ?
Cette polémique et ce cafouillage montrent, une fois de plus, que le gouvernement n’a pas un vrai programme et n’a pas d’approche, agissant toujours de la manière la plus spectaculaire. Le gouvernement n’a pas su aligner les chantiers un par un, pour atteindre l’objectif de bien asseoir la Constitution et être à la hauteur de sa responsabilité. Il aurait fallu un véritable débat, parce qu’une réforme de la taille de celle de l’audiovisuel exige d’être unanimes.

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