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Zakia Benmimoun ou l’intégration à l’algérienne

Comment du jour au lendemain, une avocate marocaine, à la réputation et compétence irréprochables peut-elle se muer en falcificatrice de document, et donc coupable aux yeux de la loi. Si un tel scénario est des plus improbables, il arrive cependant que le mode d’intégration façon Abdelaziz Bouteflika puisse le permettre. Et c’est déjà arrivé. Et ALM en avait raconté le récit dans son numéro 837 du 16-2-05.   Cela fait trois ans que Zakia Benmimoun, née en Algérie, mais marocaine de nationalité, se bat pour son innocence, sans réussir à se faire entendre. Source de ses malheurs, sa nationalité dans une Algérie où il ne fait pas, apparemment, bon être marocain. Agée de 35 ans, elle était prédestinée à une grande carrière d’avocate, entamée depuis déjà neuf ans. Mais c’était compter sans la hargne vindicative d’un de ses clients, et la complicité de tout un système. Tout a commencé en 2001 quand ledit client, Sidi Mohamed Bousaïd, a obtenu gain de cause dans une affaire civile qui l’opposait à son père. Maître Benmimoun, qui se chargeait de l’affaire, s’en était bien sortie. «Mais quand le moment de toucher mes honoraires est venu, j’ai été confrontée au chantage de celui-même dont j’avais défendu la cause», nous avait-elle raconté. La plainte qu’elle dépose se solde par six mois de sursis, en plus d’une somme considérable de dommages et intérêts, à l’encontre de Bousaïd. Il se trouve que ce dernier était également poursuivi par la justice algérienne dans une autre affaire de faux et usage de faux, plus précisément la falsification d’un acte de mariage. Dans une situation peu enviable, ce dernier ne tardera pas à trouver la parade, faisant d’une pierre deux coups. «Sur le conseil de son avocat, et encouragé par le vice-commissaire principal de la wilaya de Tlemçen, l’accusé se meut en accusateur», nous avait-t-elle précisé. N’ayant rien à voir dans une affaire où elle n’était pas partie prenante, Mme Benmimoun est accusée d’avoir été l’auteur de la falsification. Rien de moins. Une enquête judiciaire est enclenchée, mais pas avant que l’avocate ne soit suspendue le 25 avril 2001, pendant plus de cinq mois. Quelques mois passent, l’investigation judiciaire conclut à la non-responsabilité de l’accusée. Maître Benmimoun n’est pas pour autant au bout de ses peines. Son nom figure toujours dans un dossier où les principaux accusés vont être innocentés par le président de la Cour de Tlemcen. «  Je ne comprends pas comment est-ce qu’on peut continuer à endosser la responsabilité d’un acte, alors que trois jugements ont été prononcés, affirmant totalement le contraire?». «Je suis persuadée que si on a osé me faire tout cela, c’est bien parce que je suis marocaine. Jamais aucune injustice de ce genre n’a visé un confrère algérien. Ce qu’on recherche derrière cette histoire abracadabrante, c’est m’humilier», s’écrie-t-elle. Le pire, d’après elle, c’est qu’elle ne peut pas déposer de recours. Du point de vue de la loi, elle n’est pas partie prenante du jugement. Kafkaïen. Cette femme a peur de voir son cas s’aggraver et se compliquer davantange. Elle craint que le syndicat algérien des avocats ne soit saisi, à son tour, de son dossier. C’est le pire qui attend Me Belmimoun. Ce sera la radiation pure et simple de la profession.

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