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Alain Juppé, la voix raisonnable d’une majorité sous le choc

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Qui aurait sincèrement pu croire qu’au lendemain du premier tour des régionales où la majorité présidentielle s’est prise une fracassante claque, la parole et les critiques allaient vraiment être libérées? C’était mal connaître tout le système que Nicolas Sarkozy avait réussi à mettre sur place depuis son arrivée à l’Elysée et qui était basé sur une seule charpente: communiquer au point de vendre des illusions. Dans le cas particulier de ces élections régionales, il ne fallait surtout pas avouer la moindre faiblesse pour ne pas accentuer l’euphorie de l’adversaire.Une nouvelle forme de langue de bois est apparue. Elle est psychologique : pousser la méthode coué jusqu’à l’extrême, nier l’évidence même quand elle est mathématique et donc incontestable. C’est l’unique explication au déni de défaite et ce refus presque autiste de reconnaître la débâcle dans laquelle la majorité présidentielle s’est enfermée. Ordre a donc été donné à toutes les troupes fidèles de ne pas reconnaître à l’adversaire ses performances, à taire la défaite. Ce que le journal «Libération» a résumé par ce mot joliment inspiré «la Sarkomerta». Sauf que ses directives de silence auraient pu être efficaces si Nicolas Sarkozy avait réussi à créer autour de lui une majorité soudée et homogène. Ce qui est loin d’être le cas. Un homme , un ancien Premier ministre, un ancien challenger de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, le maire de Bordeaux, s’est distingué dans son évaluation sans concession des résultats de ce premier tour des régionales. Il a livré un des diagnostics les plus clairvoyants des raisons de cette défaite et qui a tourné autour de la «désaffection» à l’encontre et du parti présidentiel et de sa méthode de réforme et de gouvernance. Cette sortie originale d’Alain Juppé a, effectivement, de quoi surprendre. Après une brève période de tension avec Nicolas Sarkozy, l’homme avait repris sa place dans les petits papiers de l’Elysée. Consulté pour sa rigueur reconnue, choyé pour sa capacité de nuisance assumée, on le donnait régulièrement comme un potentiel ministrable. Son évaluation des raisons de la défaite annoncée de la droite dans ces élections régionales a dû provoquer l’ire présidentielle. Car pour Nicolas Sarkozy qu’un homme comme Dominique de Villemin, un ancien Premier ministre lui aussi, puisse se réjouir de ce vote sanction contre le président de la République, cela rentre dans l’ordre normal des haines et de rancunes. Une passion excessive est de nature à diminuer l’impact de la charge. Le grand danger pour le président de la République est qu’un homme comme Alain Juppé dont la crédibilité d’homme d’Etat demeure presque intacte à droite, puisse influencer et même encourager ceux qui murmurent encore leurs mauvaises humeurs sous le manteau à les manifester publiquement. Les griefs ne manquent pas. De la formation des listes d’union dès le premier tour, à la discutable politique d’ouverture, en passant par une politique de reforme à la hussarde et une présidentialisation à outrance de la vie politique, la majorité présidentielle semble avoir autant de critiques à formuler à l’encontre de la gouvernance de Nicolas Sarkozy que n’importe quel parti d’opposition.

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