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Algérie : Le code de la famille de la discorde

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Attendu depuis des années, le nouveau projet de loi de la famille n’aura apporté que peu, ou pas, d’innovations. Maintenant, le tutorat et la polygamie, le dit projet n’a pas manqué de créer la grande surprise, mêlée d’une désapprobation totale des milieux modernistes. L’une des rares innovations qu’apporte ce texte est que le mari devra obtenir l’autorisation d’un juge pour contracter d’autres unions. Il devra aussi faire la preuve que la ou les précédentes épouses n’ont pas d’objection à faire. Le code reconnaît le droit des femmes à obtenir la garde des enfants en cas de séparation. Dans ce cas, elle a aussi le droit de garder l’usage du domicile, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Mais le droit de la femme de demander le divorce n’est pas retenu pour autant. Le mari garde le droit exclusif de répudier sa femme, mais à certaines conditions et au risque de provoquer tout un tollé. Au mouvement de contestation chaque jour grandissant, le président algérien s’est contenté d’une réponse expéditive : «Vous avez revendiqué l’amendement du code de la famille, vous l’avez eu, mais je ne pouvais pas faire plus », a-t-il déclaré un message prononcé à l’occasion de la Journée mondiale de la femme, tenue le mardi 8 mars.
«Il m’était impossible de suivre la voie de certains pour désobéir à Dieu. Je ne peux marchander avec les versets ; aux hadiths peut-être que l’on peut trouver différentes interprétations, mais pas aux versets. La justice et l’audace sont deux compagnes que la foi protège», s’est-il expliqué avant de dire, comme s’il s’agissait d’une partie de foot-ball : «Soyez fair-play, mesdames !»
Des propos contre lesquels s’est insurgée la société civile algérienne. A sa tête, la célèbre Louisa Hanoune, port-parole du Parti des travailleurs. Lors d’une conférence de presse, la militante a accusé le président Bouteflika d’utiliser la religion à des fins politiques. Affichant son désaccord ainsi que son rejet de l’amendement, Louisa Hanoune a affirmé que Bouteflika ne fait aboutir que ce qui l’arrange, tout en se cachant derrière des arguments religieux et sociaux.
«Le nouveau code de la nationalité qui permettra à la femme algérienne de transmettre sa nationalité à ses enfants [nés] de père étranger est une preuve concrète que cet amendement est laïc, [ce qui n’est pas le cas] pour ce qui est du code de la famille. Cela démontre que la volonté politique y est pour le premier texte et non pas pour le second», a dit Hanoune. Elle considère toutefois que priver les représentants du peuple de débattre de cette ordonnance est [en soi] un recul et une restriction des libertés et des droits.
La port-parole du Parti des travailleurs a, par ailleurs, déclaré que les femmes algériennes ont besoin d’un Etat souverain qui protège leurs droits et leur intégrité totale et indivisible dans la société. « Ce n’est certainement pas avec le code de la famille amendé que cela se réalisera », a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs jugé inadmissible que dans l’Algérie de 2005 où la femme est juge, chef de parti politique soit obligée de se marier sous les réserves d’un tuteur où d’un wali. Un débat qui force un constat. Celui qu’entre les femmes et Bouteflika, le mariage paraît de plus en plus impossible.

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