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Belgique : Crise politique, les Belges préfèrent encore en rire

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Alors que la Belgique n’a toujours pas de gouvernement, neuf mois après les législatives, les citoyens multiplient les vidéos humoristiques et les manifestations surréalistes pour dénoncer une situation ubuesque, en espérant faire enfin bouger les politiques. A Gand, en Flandre, 249 Belges ont «célébré» avec ironie le mois dernier les 249 jours sans gouvernement dans leurs pays -un record du monde- en se déshabillant. En janvier, quelque 35.000 personnes avaient déjà manifesté dans les rues de Bruxelles pour réclamer la mise en place d’une nouvelle coalition depuis l’été dernier. Depuis, rien a changé. Les négociations entre partis flamands et francophones piétinent toujours. Les citoyens, eux, continuent à faire preuve d’une imagination débridée. Pour maintenir la pression, deux amis attachés à l’unité de la Belgique viennent de réaliser un clip vidéo intitulé le «Rap des patates», visible sur l’internet. Sur des images détournées de la série Les Simpson, leur chanson lance notamment: «Et ça fait des mois que vous tournez en rond façon «donuts». Votre programme, il est tout rond et creux à l’intérieur, inutile et indigeste». «On dirait qu’il y a deux mondes différents: la population, qui continue à vivre son petit train-train, à aller au boulot… et les politiciens, qui sont en train de jouer dans une autre cour», explique l’un des deux auteurs du rap, Pascal Vincke. Comme les appels lancés à faire la «grève du sexe» ou la «révolution des frites», «cela traduit un certain agacement par rapport à la situation, tout en étant aussi le reflet d’un attachement à la Belgique», analyse le politologue Jean Faniel. «Dans le Rap des patates, par exemple, on ne voit que du noir-jaune-rouge, les couleurs nationales de la Belgique, et des frites, qui sont pour certains l’emblème du pays», a-t-il expliqué à l’AFP. Aiguillonnés par le parti indépendantiste N-VA, vainqueur des élections en Flandre avec 28,2% des voix, les partis néerlandophones réclament depuis les élections du 13 juin dernier une autonomie très poussée pour les régions, que refusent les francophones, qui y voient les premeirs signes de l’éclatement du pays. Un chaos politique que dessine chaque jour Pierre Kroll dans le journal francophone Le Soir.  Du roi Albert II, représenté en pantoufles et peignoir dans son palais, à l’indépendantiste flamand Bart De Wever en grand dévoreur de gaufres, personne n’est épargné par ce caricaturiste reconnu, qui craint le jour où l’humour cédera la place au ressentiment.
«Si l’on ne sait plus en rire, la Belgique vivra le même sort que les pays où l’on ne rigole plus, c’est-à-dire la violence ou dans une séparation douce à la tchécoslovaque, mais pas dans un grand bonheur», estime Pierre Kroll. Le 2 mars, Wouter Beke, le chef des chrétiens-démocrates flamands, battus en juin dernier, a accepté de diriger les négociations en vue de la formation d’un gouvernement, après les échecs successifs de plusieurs autres «médiateurs» nommés par le roi Albert II. La presse belge estime cependant que la mission confiée au jeune président du CD&V, âgé de 36 ans, est loin d’être gagnée d’avance et qu’elle pourrait durer au minimum deux mois.


  Benjamin BOULY-RAMES (AFP)

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