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«Bonne nouvelle», a dit Ahmadinejad

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Quand les fils des agences crépitaient fiévreusement le Week-end dernier pour annoncer que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad se préparait à délivrer «des révélations» et des «bonnes nouvelles» sur le bras de fer nucléaire qui l’oppose à la communauté internationale, il se trouvait quelques optimistes acharnés pour affirmer que le leadership Iranien allait enfin envoyer le signal politique positif qu’Européens et Américains attendaient avec impatience. Un message qui révèle un frein manifeste ou implicite de l’Iran dans sa course folle vers l’acquisition de l’arme nucléaire.
Cet optimisme n’a pas fait long feu. A Natanz, point névralgique de l’activité nucléaire iranienne, devant un parterre de dignitaires du régime et derrière un gigantesque bouquet de fleurs bigarrées, le président iranien, le regard sombre, l’attitude pleine de défis, éternellement habillé à la façon d’un contremaître d’une usine de fabrique de sardines en boîte, délivra sa «bonne nouvelle» : «J’annonce avec fierté qu’à compter d’aujourd’hui l’Iran fait partie des pays qui produisent du combustible nucléaire à une échelle industrielle». Et à son ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, d’enfoncer le clou diplomatique :«La suspension de l’enrichissement n’est acceptable ni comme condition préalable à des négociations (avec les grandes puissances) ni comme résultat de celles-ci. Nous avons dépassé ce stade». 
Il n’en fallait plus pour que les capitales occidentales frissonnent  d’inquiétude dans les communiqués multiples de leurs porte-parole. Tandis que Washington menace de durcir les sanctions internationales contre l’Iran à la veille de l’élaboration d’une troisième résolution onusienne, Bruxelles voit déjà rétablir un canal de négociation et de pression avec  Téhéran. Le président iranien qui tenait en haleine une audience mondiale n’était pas uniquement le chef d’un Etat qualifié de « voyou » par la littérature sécuritaire internationale, locomotive de l’axe du mal, version américaine, soupçonné de vouloir exporter son idéologie religieuse violente et obscurantiste. Il était devenu l’homme qui tenait par le bout des doigts la paix et la stabilité dans la région. Par le biais de sa force de frappe libanaise, le Hezbollah, de ses obligés au sein du Hamas palestinien, du nouvel appareil d’Etat irakien mis à sa disposition par  ses alliés chiites historiques, l’inquiétant Monsieur Ahmadinejad, qui vient de sortir auréolé par sa victoire dans son bras de fer avec la Grande-Bretagne au sujet de quinze marins enlevés et libérés, imprime son tempo et décide de l’humeur régionale. Des voix divergentes travaillent l’administration américaine quant à la manière de traiter la question iranienne. Il y a ceux, conscients  qu’une action militaire contre l’Iran serait un choix militairement dangereux et politiquement explosif, pencheraient d’avantage vers la solution nord-coréenne basée sur un encerclement diplomatique par la négociation et accompagnée d’une grosse carotte américaine. Il y a ceux, convaincus que les iraniens sont décidés quoi qu’il arrive à acquérir l’arme nucléaire,  devraient être stoppés net avant qu’il ne soit trop tard. Cette école cite comme un exploit décisif, à réitérer l’attaque et la destruction en 1981 par l’aviation israélienne de la centrale nucléaire irakienne Osirak.
Une troisième tendance, majoritaire en Europe, parie sur un recul iranien à la dernière minute que provoquerait l’évolution des antagonismes internes au régime iranien entre conservateurs pyromanes et conservateurs réalistes. Seule fausse note dans ce schéma est la conviction européenne qu’aucune concession ne sera faite à l’administration Bush, les relations entre républicains et  Ayatollahs ayant atteint un stade exécrable de non retour. Avec ce constat, pour que les premiers rayons de soleil puissent éclairer les relations irano-américaines , il faudra attendre un changement de locataire à la Maison- Blanche. Après tout, les Américains n’ont-ils pas fait un cadeau inestimable à la révolution iranienne en la débarrassant à peu de frais de ses mortels ennemis : les Talibans d’Afghanistan à l’Est et Saddam Hussein à l’Ouest ?

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