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Darcos, le Premier ministre de Nicolas Sarkozy qui recule

L’information fait l’effet d’une bombe politique et impose au microcosme analyses et réflexions. Xavier Darcos, ministre de l’Education, a décidé de reporter sa réforme des lycées initialement prévue pour la rentrée 2009. Sur les terres endiablées de la Sarkozie agissante, la démarche est suffisamment rare, voire inédite pour ne pas être saluée par une salve d’interrogations.
Elle prend une importance capitale, surtout venant d’un ministre qui s’était échiné à être le meilleur élève de la dynamique de reforme à la hussarde lancée par Nicolas Sarkozy. N’a-t-il pas lancé, fier et sûr de lui-même, le menton aussi large et volontaire que celui d’un boxeur turc, qu’il ne serait pas le «ministre de l’hésitation».
Xavier Darcos s’était déjà fait beaucoup d’amis en lançant devant une commission du Sénat : «Est-ce qu’il est vraiment logique alors que nous somme soucieux de la bonne utilisation des crédits de l’Etat, que nous fassions passer des concours à bac+5 à des personnes dont la fonction va être de faire faire la sieste à des enfants ou de leur changer les couches ?» Une saillie qui n’a rien à envier à l’envie de «dégraisser le mammouth» d’un Claude Allègre, ex-ministre de l’Education de Lionel Jospin.
La détermination de Xavier Darcos avait de quoi tenir. Nicolas Sarkozy, lui-même, n’a pas arrêté de donner l’exemple sur d’autres sujets aussi polémiques comme le travail dominical : «Si je ne le fais pas, je serai comme les présidents qui ont cessé les reformes au bout de deux ans» ou bien sur la suppression de la publicité de l’audiovisuel public : «Cette reforme est excellente et je n’ai pas été élu pour l’immobilisme».
Mais voilà, ce volontarisme réformateur s’est arrêté net aux portes des lycées. Les raisons invoquées par les uns et les autres font ressortir une seule réalité : Nicolas Sarkozy est sourdement travaillé par le «syndrome grec», résumé par cette phrase du ministre lui même : «Les conditions d’un dialogue serein ne sont plus réunies».
Juste avant que Xavier Darcos n’annonce son recul, un des anciens ministres de l’Education, toujours catalogué à gauche, Jack Lang, n’y était pas allé par le dos de la cuillère en termes d’avertissements et d’alertes : «Si le gouvernement laisse le ministre continuer cette opération de «Terminator» à l’égard de l’école, détruire mois après mois des postes, des programmes, alors oui ça pétera (…) Je ne souhaite pas jouer au boutefeu, c’est lui l’incendiaire actuellement qui est en train de mettre le feu aux poudres par ses comportements et par ses paroles».
En ordonnant à son ministre de l’Education, un de ses préférés au gouvernement souvent cité comme possible successeur de François Fillon à Matignon, de battre en rase campagne, Nicolas Sarkozy a vécu le recul politique le plus marqué de son mandat. Ayant fait le constat que cette reforme a été mal vendue, que la bataille de la communication était perdue d’avance par Xavier Darcos, plus connu par ses phrases à l’emporte-pièce que par sa délicatesse politique, Nicolas Sarkozy n’a pas voulu, selon des observateurs, s’enfermer dans une crise du type CPE qui avait étranglé Dominique de Villepin en 2006, tuant dans l’œuf toutes ses ambitions. Le choix de Nicolas Sarkozy qui selon son entourage craignait, dans ce contexte de crise un «Mai 68 européen» est partagé par son Premier ministre François Fillon : «Cette réforme avait besoin d’explications et de concertation, nous ne voulons pas qu’elle soit annoncée avant les fêtes». Mais c’est à Xavier Darcos lui-même que revient la charge de mettre ce recul en perspective et de l’enrober d’une dramatisation explicite. La crainte de voir une partie des jeunes embraser la rue est argument massue : «je préfère qu’on me trouve trop prudent qu’inconséquent… Si, dans les prochaines semaines, nous avions eu des débordements plus graves, s’il y avait eu un incident grave, on aurait dit que le gouvernement a été inconséquent».
Pour Nicolas Sarkozy, le recul sur les lycées peut être interprété comme un signe d’intelligence, d’adoption et de responsabilité politique par son fan-club, comme il peut être vu par ses opposants ainsi que d’autres catégories sociales menacés par le rouleau compresseur de la réforme comme un signe de faiblesse d’un pouvoir qui s’interroge et qui doute. Nicolas Sarkozy avait bâti son aura et sa crédibilité sur sa foi à croire et à porter la réforme, la pire menace qui le guette en ce moment est une «chiraquisation» de son style qui le transforme plus en gestionnaire d’un patrimoine qu’un entreprenant de la réforme. 

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