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Des élections transformées en référendum

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Le 28 mars dernier, les Israéliens ont élu le 17 ème Parlement (Knesset). Il faut rappeler que 5 016 622 électeurs étaient inscrits, dont 20% représentent les populations arabes israéliennes. Seulement 62,2 % sont allés aux 8 611 urnes. Par un mode électoral de liste, avec une proportionnelle au plus fort reste, chaque député a été élu par environ 31 000 votants (quotient électoral de ce vote) et un accord sur le plus fort reste, qui est accepté entre deux listes présentées. Il s’agit du plus faible taux de participation connu en Israël. Pour les uns, «les résultats étaient connus avec le parti créé par Ariel Sharon : Kadima», pour les autres, «le refus de participer à un référendum concernant la fixation de frontières définitives avec les Palestiniens», En effet, le Premier ministre par intérim, Président du parti Kadima, a «exposé clairement aux électeurs son programme de repli unilatéral de Cisjordanie, ce que Ariel Sharon n’a pas déclaré ouvertement , pour disposer d’un mandat public, sans équivoque». Donc, pour les électeurs du Centre, Ehoud Olmert a fait des élections législatives du 28 mars, un véritable «référendum» sur l’avenir de la Cisjordanie. Les électeurs votants ont, en effet, tranché entre deux conceptions pour la poursuite ou contre l’occupation des territoires palestiniens, par des colonies ou par l’armée (Tsahal). En réalité, les partisans du «statu quo» ont voté Likoud (de Benyamin Netanyahou) ou Israël Beteïnou (de Liberman) ou du Parti National Religieux – Union Nationale (Mafdal et Religieux des colonies) : ensemble ils ont obtenu 31 sièges, soit un tiers du Parlement. Mais ceux qui veulent se séparer des Palestiniens avec des frontières définitives et un Etat palestinien, ont voté pour Kadima (modéré), Avoda (Travailliste), Meretz (gauche), voire même les partis des orthodoxes religieux, Shass et Yahdout Hatorah, tous constituant des partis politiques traditionnels. En se joignant à eux, un mouvement social nouveau «les Retraités» qui ont obtenu 7 sièges ! Tous ces partis réunissent 78 sièges, soit très largement une majorité absolue (61 sièges). La nouvelle coalition gouvernementale ne posera aucun problème puisque, même sans les religieux, les partis modérés et de gauche représentent 61 sièges sans compter les partis des Arabes israéliens 8 sièges. Au niveau des résultats, le parti de Kadima, de Ariel Sharon toujours dans un coma profond et grave, n’a eu que 29 sièges, alors que les travaillistes représentent 20 sièges. La lutte pour les postes les plus importants, Affaires étrangères, Défense, Finances et Education-, est déjà en cours.
D’autre part, le groupe des «Retraités» avec 7 sièges, dirigé par un ancien Chef-adjoint du Mossad, âgé de 79 ans, a surpris. D’autant que l’ancien parti de droite, présidé par Benyamin Netanyahou, s’est effondré à 12 sièges et un proche du Likoud d’extrême droite, la liste du parti russe a obtenu 11 sièges. Ainsi tous les commentaires demandent à Benyamin Netanyahou de «retourner aux Etats-Unis». L’extrême droite, y compris leurs alliés religieux, en dehors des Orthodoxes (Harédim) qui se rapprochent des modérés, sont mis à l’écart. Par contre, Amir Peretz, président des Travaillistes, est devenu un partenaire incontournable pour Ehoud Olmert, qui veut garder la direction du gouvernement. Le parti travailliste (Avoda) est redevenu, grâce au «marocain», plus dynamique et plein d’ambition de réussir sur les plans économique et politique, pour espérer ramener, un jour, le parti Avoda au pouvoir. Pour Ehoud Olmert, il s’agit de réaliser un «plan de repli» des territoires de Cisjordanie, de toutes les colonies isolées et de regrouper les grandes colonies en «blocs d’implantations», avec, environ, 150 000 habitants sur les 220 000 actuellement. Pourra-t-il convaincre les Américains d’assurer le financement de cette opération,en accord avec les Palestiniens si elle doit réussir, dans la réalité, qui s’élève à la somme colossale de 30 milliards de dollars? Dans tous les cas, il devra former un gouvernement de paix, même s’il n’est que le successeur d’Ariel Sharon et même si les électeurs ont décidé de pulvériser l’extrême droite, tout en se préoccupant des problèmes sociaux.
Pour un gouvernement de paix, Ehoud Olmert a besoin du parti travailliste, qui ne pouvant obtenir le ministère des Finances pour «corriger la politique ultra-libérale tatchérienne de Netanyahou», demande celui de la Défense pour contrôler la politique des «frontières par un mur de sécurité proche de la ligne verte» et celle du « repli» de la Cisjordanie, en accord avec l’Autorité palestinienne. A cet effet, Ehoud Olmert était revenu sur la seule politique de «repli unilatéral», en déclarant, la veille des élections, qu’il entendait ouvrir des négociations avec Mahmoud Abbas et à ne prendre des «décisions unilatérales» qu’en cas d’échec, d’ici à la fin de son mandat, en 2010. Parallèlement à un véritable «référendum» demandé aux électeurs par Ehoud Olmert, pour sa politique concernant les «frontières définitives» et le repli des territoires occupés de Cisjordanie, les électeurs étaient également sollicités par le parti Avoda (Travailliste) et par le groupe des «Retraités», sur le plan social. En fait, la fin de la politique sociale de Benyamin Netanyahou et son remplacement par «une politique de préoccupations sociales», clairement exprimées par Amir Peretz et par les «Retraités», a fait l’objet d’un autre référendum, une décision d’une majorité du corps électoral avec: Avoda (20 sièges), Retraités (7), Shass (12), Meretz (5), Partis arabes (8), voire Yahadout-Hatorah (5). En effet, tous les partis de gauche ou religieux sont connus, seuls les «Retraités» dont l’objet constitue l’incroyable phénomène d’un mouvement social, fondé par un ancien du Mossad (Services secrets) qui était impliqué, comme opérateur, dans l’affaire de l’espion américain Polard. Rafi Eitan, écarté alors du Mossad, a su s’enrichir dans le commerce avec Cuba de Fidel Castro, pour devenir un «authentique» représentant des retraités laissés pour compte. Pour montrer l’improvisation de cette liste, qui a obtenu 7 sièges, son chef est allé jusqu’à dire, à la télévision : «Je n’ai jamais rencontré, ni connu le n° 7 de notre liste» …. Au-delà de cet évènement décrit ironiquement, le grand quotidien Haaretz a tiré le signal d’alarme dans un éditorial : "la baisse dramatique du taux de participation aux élections, naguère un des plus hauts du monde démocratique, est un signe du dégoût grandissant pour une politique corrompue». Ce qui permet à l’éditorial d’ajouter: «Seule une politique plus proche et l’accomplissement de la promesse de séparation avec les Palestiniens par la fixation de frontières définitives, sera une mesure de réconcilier le peuple israélien avec la politique»… C’est pourquoi, peut-être, pour Ismaël Hanyiéh, Premier ministre palestinien, «le Hamas ne s’opposera pas à la reprise de la négociation entre Israël et le président de l ‘Autorité palestinienne, Abou Mazen. Si le résultat de ces négociations sert les intérêts du peuple palestinien, nous reverrons notre position», a-t-il pu conclure lors de la prestation de serment de son gouvernement…

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