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France : François Fillon, le modérateur des passions extrêmes

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Lorsque la députée UMP Chantal Brunel, chevauchant la vague de sympathies que les sondages accordent à l’extrême droite, avait cru bon de proposer de renvoyer les immigrés chez eux par bateaux, il y eut une brusque tension au sein de la majorité, un intense haut-le-cœur au sein de l’opposition mais surtout un fracassant silence de la part de l’Elysée. Du positionnement de Nicolas Sarkozy à l’égard d’une proposition aussi extrême dépendait la suite des débats. Il n’y eut ni communiqué officiel ni confidence opportune de la part du président de la République pour prendre ses distances à l’égard d’une telle attitude qui transporte ouvertement l’UMP sur le terrain miné et non défriché du Front National. Et pendant un court instant, Chantal Brunel, aussi obscure soit sa notoriété, avait donné l’impression d’être devenue la porte-parole de la nouvelle gouvernance basée essentiellement sur la surenchère avec l’extrême droite. Jusqu’à ce que François Fillon, le Premier ministre, profite des débats à l’Assemblée nationale pour dire ouvertement que son gouvernement n’approuve pas les déclarations contestées de Chantal Brunel. Face au silence gêné de l’Elysée, face aux contorsions hésitantes de l’UMP, François Fillon donna cette étrange impression d’être celui qui incarne la modération, la sagesse, la retenue, le réalisme face à une hiérarchie qui semble avoir perdu le sens de la mesure. Cette distinction de François Fillon, de celle qui marque les opinions et trousse les légendes, n’est pas de nature à faciliter ses rapports déjà conflictuels avec Nicolas Sarkozy. Il est vrai que récemment François Fillon s’est fendu d’une déclaration de soutien et d’allégeance à Nicolas Sarkozy dont le trait était si volontairement exagéré qu’elle avait fini par semer le doute. Pour François Fillon, Sarkozy est «seul et meilleur candidat pour 2012». Seul d’accord mais meilleur par rapport à qui ? se demandent les décodeurs de la pensée du Premier ministre. François Fillon vient de traverser une mauvaise séquence politique. Elle débuta par la révélation de ses vacances égyptiennes aux frais du régime de Hosni Moubarak. Son image de grand serviteur de l’Etat, exemplaire et désintéressé, fut sérieusement écornée. Plus la polémique sur Michèle Alliot-Marie et ses compromissions tunisiennes prenait de la vigueur, plus les allusions aux dérives de François Fillon devenaient insistantes. Conséquence de cette première phase, François Fillon dut subir l’arrivée d’Alain Juppé au ministère des Affaires étrangères. La presse s’extasia devant ce coup de maître qui fait du maire de Bordeaux une sorte de vice-président dont la vocation première est de faire de l’ombre à l’incontournable François Fillon. De tous ces sondages qui alimentent le débat et l’opinion sur la montée irréversible de l’extrême droite, François Fillon doit centrer son attention, entre autres choses, sur un point essentiel, celui qui évoque la possibilité que Nicolas Sarkozy ne puisse pas franchir le premier tour. Si cette tendance se confirme dans les mois à venir et que, par une lucidité contrainte, Nicolas Sarkozy ne soit obligé de jeter l’éponge, il n’est pas exclu que François Fillon puisse faire à sa propre famille politique l’offre d’être leur porte-drapeau. D’ailleurs, des voix commencent à suggérer à ce que son nom soit aussi intégré sur la liste des personnalités proposées par les sondeurs pour tester l’humeur de l’opinion.

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