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France : Hervé Morin, un projet de rebelle au gouvernement

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Voilà un étrange ministre au sein de gouvernement de François Fillon. Il s’appelle Hervé Morin. Il est ministre de la Défense. Mais il est surtout président du Nouveau centre. De par ses fonctions ministérielles, Hervé Morin peut trousser la plus enflammée des déclarations sur l’engagement française en Afghanistan, peut ciseler la plus phrase sur la guerre française contre l’AQMI, ses paroles auraient à peine l’honneur d’un petit filet accordé plus par courtoisie à ses attachés de presse que par leur profondeur et leur pertinence. Mais quand l’homme se permet de s’exprimer sur le virage sécuritaire de Grenoble, de montrer quelques réticences à l’égard de l’expulsion des Roms, voilà qu’il occupe le devant de la scène avec beaucoup de bruit et de colère. Et quand il se permet le luxe de faire allusion à son éventuelle candidature à la présidentielle de 2010, il devient carrément l’homme à abattre. A l’image de nombreux ministres d’ouverture comme Bernard Kouchner, Hervé Morin n’a pas résisté à la tentation de marquer sa différence sur un sujet autour duquel Nicolas Sarkozy voulait une mobilisation sans faille. Il l’a fait avec des mots très durs à l’encontre de l’actuelle gouvernance, que même l’opposition lui aurait enviés «Nous ne sommes pas là pour attiser les haines (…) Pour chercher des boucs émissaires». Après cette sortie, Hervé Morin fut sèchement rappelé à l’ordre par le Premier ministre lui-même. Traditionnellement le verbe rond et presque inoffensif, en tout cas en public, à l’égard de ses ministres, François Fillon choisit un ton autoritaire et menaçant à l’encontre d’Hervé Morin : «Je ne l’ai jamais entendu émettre la moindre réserve sur la politique du gouvernement (…) On aura l’occasion d’en discuter». Cette attitude traduit aussi l’extrême agacement que doit sentir Nicolas Sarkozy à l’égard d’Hervé Morin dont il ne supporte plus la menace de se présenter en candidat du centre pour la prochaine présidentielle. La stratégie du président a toujours été que la droite ne se morcelle pas dans les premiers tours. Longtemps donné comme viré du gouvernement lors du prochain remaniement, son départ comme son maintien peuvent provoquer des surprises. De nombreux observateurs notent que Nicolas Sarkozy ne peut se permettre de rendre sa liberté de parole et d’action à un électron libre qui risque d’affaiblir la majorité présidentielle. D’Hervé Morin, Nicolas Sarkozy avait fait un usage extrêmement politique. D’un homme dont la seule passion connue est l’amour des chevaux de course, il en avait fait ministre de la Défense, certes «kouchnerisé» à l’extrême, mais ministre permanent et presque intouchable depuis Fillon I. Sa précieuse utilité pour Nicolas Sarkozy est qu’il l’aidait à combattre l’autre hydre du centre qu’était François Bayrou. Ce dernier avait inscrit toute son action dans une opposition tous azimuts à Nicolas Sarkozy au point de décrocher par moment et par inspiration la palme du meilleur opposant au président de la République. Hervé Morin et son NC servaient à fixer les ressources humaines et politiques du centre et les empêcher d’aller enrichir et fortifier François Bayrou. Le malaise d’Hervé Morin n’est pas à comparer avec un vulgaire état d’âme d’un transfuge de la gauche. Ses bisbilles avec Nicolas Sarkozy sont à prendre au sérieux, tant elles reflètent l’état d’une majorité présidentielle, fatiguée, à bout de souffle, paralysée par ses contradictions.

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