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France : Laurent Fabius appelle au départ de Moubarak

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L’observateur étranger qui voudrait savoir ce que pense l’opposition socialiste de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy et des crises politiques dans le Monde arabe doit aujourd’hui écouter un seul homme. Il s’agit de Laurent Fabius. Il est celui qui a rédigé le seul document de politique étrangère dont dispose le PS intitulé «Nouvelle donne internationale et européenne» et qui a pour ambition de dresser un réquisitoire contre les «postures» et «les coups médiatiques» de Nicolas Sarkozy et de proposer une alternative. Laurent Fabius est par ailleurs décrit comme l’inévitable ministre des Affaires étrangères de n’importe quel socialiste qui accomplirait le miracle de prendre l’Elysée à Nicolas Sarkozy en 2012. Laurent Fabius est donc cette voix autorisée qui donne la température sur les brûlantes questions internationales au sein du PS. Et ce qu’il vient de dire sur les évolutions de la crise égyptienne n’est pas de nature à faciliter la tâche diplomatique déjà fort complexe de Nicolas Sarkozy. Alors que le Raïs égyptien, sous la pression de la rue, abandonne l’éventualité d’un mandat supplémentaire et semble jeter aux oubliettes sa tentation dynastique, Laurent Fabius adopte une attitude en parfaite symbiose avec les slogans répétés jusqu’à l’extinction de voix par les manifestants de Maydane El Tahrir. «C’est une révolution de la dignité (…) Il est de l’ordre des choses que Moubarak quitte le pouvoir». Laurent Fabius poursuit l’indentification jusqu’à affirmer que s’il était égyptien, il participerait aux manifestations. Dans son analyse des convulsions de la rue égyptienne, Laurent Fabius n’oublie pas que, aussi bien le PS avec ses fameuses primaires que Nicolas Sarkozy ont déjà entamé une année électorale. Il décoche un violent coup à l’encontre de l’actuel président en dénonçant le fait que la France ne s’implique pas suffisamment dans la résolution de la crise égyptienne et en conseillant à Nicolas Sarkozy de «ne pas agir à contretemps (afin) d’aider l’Egypte à se redresser politiquement». En remuant le couteau dans la plaie, Laurent Fabius faisait référence à la brusque évolution tunisienne totalement ratée par Nicolas Sarkozy avant de tenter de rattraper le train de la révolution du jasmin déjà en marche. Ce fiasco diplomatique est actuellement nourri par une lettre adressée par François Fillon au patron des députés socialistes Jean-Marc Ayrault dans laquelle il reconnaît que le gouvernement français avait bien donné son feu vert à la livraison de tonnes de grenades lacrymogènes au régime de Ben Ali, comme une traduction concrète de l’offre de coopération sécuritaire faite par Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, à la police tunisienne. Ce qui se dégage de la sortie de Laurent Fabius est que l’opposition socialiste est prête à faire feu de tout bois sur Nicolas Sarkozy, y compris aller chercher ses défaillances face aux spasmes mouvants qui secouent le Monde arabe. Le tout avec un seul objectif : jeter le doute sur sa stature de chef, semer la suspicion sur sa posture de leader et sa propension à se présenter aux Français comme le seul capable de porter haut leurs couleurs, de garantir leur visibilité et leur sécurité. Nicolas Sarkozy pourra toujours leur répondre qu’il est facile de montrer sa sympathie avec les crispations révolutionnaires quand on occupe les tribunes de l’opposition que quand on actionne les commandes de l’Etat. Mais est-ce suffisant pour éviter que les pressions ne creusent davantage les handicaps?

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