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Jean Louis Borloo, un Premier ministre par défaut

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A croire la tonalité des gazettes françaises, Jean Louis Borloo, ministre de l’Ecologie et de l’Energie, est sur le point d’être nommé à Matignon à la place de François Fillon. Ce ne serait qu’une question de timing et de mise en scène de son annonce. «Le Canard Enchaîné» était allé jusqu’à mettre dans la bouche du président Nicolas Sarkozy que Jean Louis Borloo était Premier ministre à 99%, sans provoquer le moindre haussement d’épaules d’indignation ou de dénégation. Si cette hypothèse de Jean Louis Borloo se confirme, la grande conclusion qui s’impose pour la justifier est que Nicolas Sarkozy aura préféré miser sur l’image décrite comme sociale d’un homme qui l’aiderait à reconquérir une opinion remontée par les crises économiques à répétition. Cela implique automatiquement que les candidats potentiels à cette fonction comme la ministre de la Justice Michelle Alliot-Marie ou le maire de Bordeaux Alain Juppé seraient aux antipodes de la  stratégie sociale que Nicolas Sarkozy compte mettre en œuvre pour le reste de son mandat. Passé cet argument facile sur les avantages d’un centriste de gauche aux manettes de l’exécutif, le choix de Jean Louis Borloo n’est pas de nature à produire l’électrochoc dont Nicolas Sarkozy a besoin pour espérer construire une rampe de lancement efficace. Plusieurs raisons militent pour cela. La première est que Jean Louis Borloo occupait déjà une haute fonction dans la hiérarchie gouvernementale et que s’il avait des idées originales et une autre politique que celle que mène François Fillon pour sortir l’économie française et Nicolas Sarkozy de l’actuel marasme, il était suffisamment proche du chef de l’Etat pour les lui faire parvenir. La seconde est que le choix de Jean Louis Borloo n’est pas de nature à provoquer l’enthousiasme et l’adhésion des pontes de l’UMP. Ce parti du président, déjà lourdement éprouvé par la politique d’ouverture à gauche, s’attendait à ce que le chef de l’Etat tire les conclusions d’un tel et inefficace éparpillement pour se recentrer sur le socle familial et choisir un Premier ministre au sein du premier cénacle. Cette mauvaise humeur de l’UMP se traduit par un soutien de plus en plus ostentatoire, à la limite de la provocation à Nicolas Sarkozy, à François Fillon dont de nombreuses voix continuent ouvertement à en réclamer la prolongation du bail. Les commentaires les plus avisés pointent une motivation psychologique derrière ce choix. Pour que Nicolas Sarkozy en arrive à envisager de remplacer Fillon par Borloo, il faut que les relations entre le président et son Premier ministre aient atteint  un niveau de rupture et de rancune d’une profondeur sans retour. La relation entre Fillon et Borloo a connu ces derniers jours une nette dégradation où les noms d’oiseaux ont sifflé bas. Ce qui en dit long sur le futur comportement de François Fillon en dehors de Matignon. Il tiendrait, une fois sa parole libérée, certainement le magistère de l’opposition bourdonnante, à la manière d’un Jean Pierre Raffarin mais en plus mordant et en plus efficace. Pour atténuer l’effet Borloo, Nicolas Sarkozy n’a d’autres choix que de miser sur un casting gouvernemental le plus original possible, avec des personnalités inattendues et des voix qui portent une plus-value. Mais avec une équipe de ministres sarkozytes de choc dont la présence au gouvernement est devenue obligatoire, la marge de manœuvre dans ce domaine là aussi risque d’être très limitée.

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