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La crise tchadienne, baptême de «feu» pour Hervé Morin

L’allure hédoniste d’un directeur de ressources humaines d’une multinationale, le sourire arboré en permanence comme s’il était en constante représentation mondaine, le ministre français de la Défense Hervé Morin que la crise tchadienne vient de révéler à l’opinion nationale et internationale n’est pas automatiquement associé à la vie des casernes et des drapeaux qui flottent sur les bateaux de guerre. Il faut dire que quand il a été nommé à ce poste au gouvernement de François Fillon, le monde de la satire politique et de l’analyse stratégique du moment avait levé les yeux au ciel et poussé un grand cri de soulagement : «Heureusement qu’il n’est pas dans l’agenda immédiat de la France de mener une guerre à quelqu’un».
Mais quand le débat de savoir si pour protéger le régime du président tchadien Idriss Deby, jugé par Paris indispensable à l’équilibre et à la stabilité de la région, Paris devait intervenir militairement, tous les regards se sont focalisés sur le ministre de la Défense, Hervé Morin, pour scruter son aptitude et son pedigree. Rien dans sa carrière, à part un obscur poste de conseiller technique chargé des relations avec le Parlement, des affaires domaniales et des questions d’environnement au cabinet de François Léotard, alors ministre de la Défense en 1993, ne le prédestinait à occuper ce poste.
Sa nomination au poste de ministre de la Défense, elle la doit surtout à ses choix opportuns entre les deux tours de la présidentielle, quand sous prétexte de refuser le moindre contact avec les socialistes, il avait laissé en rade son mentor François Bayrou pour rejoindre avec armes et bagages le candidat Nicolas Sarkozy. Sa défection pesa sans aucun doute très lourd dans l’affaiblissement du troisième homme de la présidentielle et renforça les chances du candidat de l’UMP pour remporter le titre présidentiel. Ce soutien fut donc récompensé par un poste ministériel. « La défense » n’allait pas de soi, mais qu’importe l’essentiel est de figurer dans la photo gouvernementale.
Dans une interview récente parue dans Paris Match, Hervé Morin avait détaillé sa vison de l’armée : «Notre armée doit s’adapter. Les dangers d’une invasion massive venant de l’Est sont derrière nous. En revanche, sécuriser nos approvisionnements et lutter contre le terrorisme sont devenus des enjeux majeurs. Là où des unités seraient amenées à disparaître, il y aura un processus de concertation avec tous les acteurs». Ce qui provoque une belle polémique dans le landernau sur la cure d’austérité qui attend la grande muette.
Depuis sa nomination au poste qu’occupait avant lui Michelle Alliot-Marie, Hervé Morin s’était d’avantage fait remarqué dans la rubrique équestre des journaux que dans les pages de stratégie militaire et de l’art de la guerre. Il possède en effet des chevaux dont un champion nommé « Literato » acheté 40 000 euros et vendu en décembre 2007 à l’écurie Godolphin des frères Al Maktoum des Emirats arabes unies. « Literato » a un palmarès à faire hennir de Jalousie ses concurrents. Il est vainqueur des «champions stakes » en Angleterre et deuxième du «prix Jockey club».
Hervé Morin dut se faire remarquer dans la presse aussi par ses tentatives de lancer un nouveau parti politique «Le nouveau centre» censé reprendre l’héritage de l’UDF que revendiquera plus tard François Bayrou avec son MoDem. Mais Hervé Morin est aussi un des rares ministres du gouvernement Fillon à parler sans complexe de son prochain départ. Il se sait sur la liste de ceux qui vont subir de plein fouet le remaniement ministériel.
Hervé Morin l’homme qui, dès le début de la crise tchadienne, avait brandi comme un étendard un peu précoce la neutralité de la France dans ce conflit, avait été choisi par Nicolas Sarkozy pour aller dire à Idriss Deby que la France soutenait son régime. Il aurait pu avaler de douloureuses couleuvres si le président tchadien n’avait sorti de son chapeau la possible grâce « des humanitaire » de l’Arche de Zoé accusés par la justice tchadienne d’enlèvement d’enfants et condamnés à purger huit années dans les prisons françaises. «Je suis prêt à leur pardonner», avait dit Idriss Deby et de préciser : «Si le gouvernement français en fait la demande, nous sommes capables de demander leur élargissement».

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