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Le Diktat financier de Washington

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Le Pentagone a affirmé, sans doute pour se dédouaner après le tollé provoqué par l’exclusion des entreprises de pays hostiles à la guerre, que celles-ci pouvaient encore être éligibles et remporter des appels d’offres si leurs gouvernements décidaient d’envoyer des troupes. «Il est normal et raisonnable de s’attendre à ce que les contrats principaux pour la reconstruction financés avec l’argent des contribuables américains aillent au peuple irakien et aux pays qui partagent avec les Etats-Unis la tâche difficile de construire un Irak libre, démocratique, et prospère», a expliqué le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McCllellan. La mesure, qualifiée par le New York Times de «représailles les plus conséquentes de l’Administration Bush contre les alliés de l’Amérique qui se sont opposés à la décision de faire la guerre en Irak», vise notamment la France, l’Allemagne, la Russie et le Canada. Scott McCllellan a, de son côté, précisé que les pays exclus pouvaient toujours bénéficier des contrats financés avec les fonds internationaux versés pour reconstruire l’Irak et que leurs entreprises pouvaient participer comme sous-traitants. Le département d’Etat a également souligné que la somme concernée n’était «qu’une partie de l’argent utilisé pour la reconstruction de l’Irak ». «Nous avons eu des questions de gouvernements et nous y répondons », a indiqué le porte-parole du département, Richard Boucher, en soulignant que la décision américaine était conforme aux règles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Londres, premier allié de Washington en Irak, craint, elle-aussi que les entreprises britanniques soient écartées au profit des seules américaines, tandis que l’Allemagne jugeait inacceptable la décision américaine. «Nous étudions la compatibilité de ces décisions avec le droit international de la concurrence, en liaison avec nos partenaires concernés, notamment de l’Union européenne et la Commission», a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Hervé Ladsous. A Bruxelles, la Commission européenne a fait savoir qu’elle allait vérifier la conformité de l’attribution des contrats avec les engagements pris par les Etats-Unis devant l’OMC. Paul Martin, qui doit devenir Premier ministre canadien, a jugé très difficile de comprendre le mémorandum du Pentagone, jugeant qu’il était de la responsabilité de chaque pays de participer au développement de l’Irak. Même approche pour le chef de la diplomatie russe Igor Ivanov qui estime qu’ «il doit être donné à tous les pays prêts à participer» à la reconstruction en Irak «toutes les possibilités de pouvoir le faire». A Genève, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a appelé à la réconciliation internationale. «La stabilité de l’Irak est l’affaire de chacun et nous devrions conjuguer nos efforts et éviter les mesures et les décisions qui sont sources de division», a-t-il dit. «Nous avons besoin de reconstruire un consensus international… pour stabiliser l’Irak», a-t-il ajouté. Cependant, M.Kofi Annan a écarté, dans un rapport que vient de publier l’Onu, un retour rapide des Nations unies à Bagdad, le liant à une amélioration de la situation sur le terrain qui, selon lui, continue de s’aggraver. Le rapport, destiné au Conseil de sécurité, annonce qu’il a été décidé de nommer un représentant spécial pour l’Irak en la personne du néo-zélandais, vétéran de l’aide humanitaire d’urgence, Ross Mountain qui sera responsable de l’équipe de base de la mission d’assistance de l’Onu en Irak (MANUI), à partir de Chypre. Toujours sur le terrain, malgré les pertes quotidiennes enregistrées par leur l’armée, le nombre des Américains favorables à la politique suivie par l’Administration Bush en Irak est en augmentation, selon un récent sondage. Ils sont désormais 46 % à approuver la politique suivie par leur président,alors qu’ils n’étaient que 42 % le 16 novembre. En outre, pour 59 % des personnes interrogées, Washington a eu raison d’envahir l’Irak alors que les Américains étaient 56 % à le penser le 16 novembre. Selon des analystes, la visite surprise de George W. Bush à Bagdad, le jour du Thanksgiving le 27novembre, a eu un effet bénéfique sur l’opinion américaine. Ce revirement d’opinion publique n’a pas empêché une délégation de parents de soldats engagés en Irak d’estimer qu’il était grand temps que les «boys» rentrent à la maison, soulignant l’exaspération croissante de la population irakienne face à leur présence. «Le message général que nous avons perçu partout, c’est en gros : merci mille fois de nous avoir débarrassés de Saddam, mais maintenant il faut rentrer chez vous», a résumé l’une des organisations de la délégation, «Medea Benjamin».

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